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Crise de la collecte des déchets

Environnement. Au vu de la synthèse des éléments financiers et organisationnels du service de la collecte de la Communauté de l’Auxerrois, je ne peux pas m’engager aujourd’hui à répondre favorablement aux revendications des grévistes.

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Crise de la collecte des déchets

En effet, les enjeux du tri et de la valorisation des déchets vont nous imposer dans les cinq prochaines années des investissements compris entre 15 et 20 millions d’euros, de faire face à l’augmentation de la Taxe générale sur les activités polluantes (qui passera de 225.000 euros en 2017 à près d’un million d’euros par an en 2026 pour notre collectivité), l’amélioration de l’amplitude horaire des déchèteries, la décarbonation des véhicules de collecte, la collecte des biodéchets et les enjeux de l’économie circulaire.

Sachant que le service de la collecte est financé par une fiscalité propre, comme la loi nous y oblige, répondre favorablement aux revendications des grévistes entraînerait un déficit qui nécessiterait obligatoirement une très forte augmentation des impôts, de l’ordre d’une centaine d’euros par an pour une famille, qui viendrait s’ajouter à la fiscalité actuelle. Or, je ne souhaite pas accroître la pression fiscale sur nos concitoyens qui font également face à une baisse du pouvoir d’achat. En ce qui concerne le statut des agents de la collecte, il est déjà plus favorable que celui des autres agents techniques de la collectivité. À titre d’exemple, la rémunération médiane d’un agent de la collecte est comprise entre 1.800 et 2.000 euros net par mois (primes annuelles incluses), ce qui représente sur une année environ 1 200 euros net de plus que pour leurs collègues des autres services techniques.

De plus, la collectivité n’a eu de cesse, depuis l’été 2020, d’harmoniser les conditions de rémunération de ses 1 100 agents en favorisant les plus bas salaires. Alignement des régimes indemnitaires, avancement de grade, augmentation des points d’indice, indemnité télétravail, forfait mobilité durable : autant de mesures prises depuis 2020, pour une durée de trois ans, en concertation et en accord avec les organisations syndicales et les représentants du personnel, qui représentent un effort annuel de 1,5 million d’euros pour notre collectivité. En parallèle, plus de un million d’euros a été investis en 2021 pour équiper les services en matériel moderne, contre à peine 270.000 euros en 2019. À noter également que le régime indiciaire des agents de la collecte est plus avantageux que celui des autres agents techniques de la collectivité, du fait d’une promotion interne importante jusqu’en 2018. Ainsi, 79 % des agents de la collecte sont sur un grade d’avancement contre seulement 62 % dans les autres services techniques.

L’organisation du temps de travail propre aux agents de la collecte leur permet aussi de bénéficier de 8,5 jours de RTT de plus que les autres agents de la collectivité au titre d’une compensation d’une journée de travail qui est passée de 5h50 à 12h50, au lieu de 6h à 13h. La pénibilité de leur travail est aussi prise en compte dans leur carrière, puisqu’un ripeur peut partir à la retraite 5 ans plus tôt que les autres agents de la collectivité à partir de 17 ans d’ancienneté. Enfin, contrairement à ce qui a été répété cet été par les grévistes, les agents de la collecte ne sont pas non plus en sous-effectif. Alors qu’il faut 39 équivalents temps plein (ETP) pour assurer 11 tournées quotidiennes avec trois agents par camion, le budget de la collecte des déchets représente l’équivalent de 44 ETP hors encadrement.

Je peux comprendre que les agents soient inquiets face à la baisse de leur pouvoir d’achat. Mais face aux enjeux financiers qui attendent les collectivités territoriales, il n’est pas possible de prendre des décisions dans l’urgence, sans concertation ni éléments de comparaison factuels et précis. D’où le maintien de la réunion du 5 septembre à Auxerre avec l’ensemble des maires de l’agglomération qui auront entre leurs mains les éléments financiers et humains nécessaires à la réflexion et à la prise de décision. Je regrette que la volonté de certains de politiser ce conflit, soit pour des raisons de manipulation politique, soit pour des raisons d’élections professionnelles programmées en fin d’année, ait rendu le dialogue social très difficile. Mais je veux aussi rassurer tous les habitants de l’Auxerrois en leur garantissant que, quoi qu’il arrive, un service de collecte normal, comprenant donc aussi le tri sélectif, sera mis en oeuvre à la rentrée.