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Dissolution... et maintenant ?

Gouvernement. Désormais l’Assemblée nationale française se compose du Nouveau Front Populaire à 180 sièges, Ensemble à 163, LR et alliés 66 RN et alliés 143 et 25 autres. En nombre de voix exprimées, le RN est le principal parti avec quasi 10 millions de voix soit 29,25% au premier tour puis 32% des suffrages. Si la proportionnelle était en vigueur, il serait au gouvernement. Puis viennent l’Union de la gauche (27,9% puis 25,6%), Ensemble (20% puis 23,14%), LR (6,57% puis 5,41%). (…) Le 18 juillet, les groupes devront être formés et rien n’indique que la gauche sera majoritaire même avec un ancien front républicain.

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Photo de politiciens
(Crédit : Freepik)

Le jeu du qui perd gagne arrive aussi dans les possibles nominations qui peuvent avoir également un impact sur les prochaines présidentielles et législatives. Une nouvelle ère, ou plutôt un nouveau cycle commence avec un centre de gravité davantage dans les mains du Parlement comme le dit l’actuel Premier ministre. L’hémicycle ressemble un peu plus à celui du Parlement européen où les accords et les alliances sont réguliers en fonction des dossiers, ceci étant généralement ensuite mis en avant au niveau national lors des élections par des députés européens eux-mêmes ! (…)

Constitutionnellement, le gouvernement a posé sa démission, ne peut être contredit, ne peut pas prendre de décisions de politique générale et peut rester peut être un an pour assurer les affaires courantes, comme assurer les Jeux Olympiques, ou procéder par décret en cas d’attentat ou urgence sécuritaire, ou sur le budget en septembre en reconduisant celui de l’an dernier. D’autres démocraties procèdent ainsi comme l’Espagne, la Belgique et même l’Allemagne qui ont mis plusieurs mois à trouver un consensus, s’en sortent bien et comprennent qu’un compromis n’est pas une compromission, comme pour le désistement lors d’un vote au second tour. Mais la culture française est bien particulière comme peut-être la hongroise au sein de l’Europe.

A priori, le 9 août, les ministres devront choisir de rester ou de quitter le gouvernement, « technique » ou non. En 1958, la Constitution a été créée pour permettre à un pouvoir minoritaire de pouvoir gouverner. La majorité absolue est finalement assez récente. Alors que l’Assemblée est là au moins pour un an, aucune durée légale n’est prévue pour le gouvernement. En lisant les articles 8 et 49 de la Constitution, le Président peut nommer qui il veut et s’il refuse un nom de Premier ministre, qui lui est soumis, il devra en trouver un qui ne pourra pas être renversé par l’Assemblée nationale avec une motion de censure à la majorité absolue… d’où la recherche de coalition ou de personnalité acceptable et consensuelle.

LFI claquera-t-elle la porte si un socialiste plus « acceptable » - comme l’ancien Président François Hollande, voire même l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve arrive à Matignon et/ou à la présidence de l’Assemblée pour au moins s’attaquer au pouvoir d’achat, à la sécurité, à l’émigration qui peuvent être des curseurs communs ? Et l’Europe dans tout ça ? Sans revenir sur les causes et le coup de théâtre de la dissolution, tout va continuer comme avant car le système confédéral/fédéral en place, également sans alignements automatiques de toutes les planètes entre l’Union européenne et les États membres, va assurer une certaine stabilité sine die dans une Europe d’autant plus unie dans la diversité et de mouvance notamment au niveau politique. L’activité, l’étonnement, le stress, la veille et la remise en cause sont aussi des moteurs de protection et de développement dans les choix de politique générale en particulier sur la stratégie, la structure, l’identité et la prise de décision.