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« La route doit payer la route »

Transport. Les départements de France appellent à une nouvelle économie de la route : les départements ont la charge de 380.000 kilomètres de routes. Si l’on y ajoute le bloc communal, cela représente 99 % du réseau routier et 12 milliards d’investissements.

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Photo d'une route
(Crédit : Freepik)

Paradoxalement, l’État, les régions (qui n’entretiennent aucun réseau) et les sociétés d’autoroutes encaissent les 40 milliards de revenus que la route génère. En résumé, ceux qui entretiennent 1 % du réseau captent la quasi-totalité des revenus de la route… qui rapporte plus de trois fois ce qui est investi pour son entretien et son aménagement. Il faut revoir ce système qui privilégie la rente au détriment de l’usager et inventer une nouvelle économie de la route ! Il est désormais urgent de simplifier et de repenser le système de financement de la route pour mettre en cohérence les investissements et les ressources. Les enjeux sont tant économiques que sociaux et environnementaux !

« Le bon sens voudrait que ceux qui entretiennent le réseau routier bénéficient des revenus qu’il génère. Tout comme l’eau devrait payer l’eau, la route doit payer la route. La fin prochaine des concessions autoroutières et la nécessité de mettre en place la directive eurovignette est l’occasion de redéfinir le modèle économique de la route », a déclaré François Sauvadet, président de Départements de France.

« L’usage de la route doit être adossé à un modèle économique répondant aux enjeux de la mobilité durable et de l’aménagement du territoire. Nous souhaitons ainsi qu’une partie des nombreuses ressources générées par la route (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques - TICPE, péages, cartes grises...) lui revienne directement. Nous demandons que les départements bénéficient d’une ressource affectée pour l’entretien, l’adaptation et la modernisation de leur réseau ».

Les départements gèrent dans le cadre de budgets très contraints près de 380.000 kilomètres de routes, qu’ils entretiennent, aménagent, rénovent et sécurisent. Cela représente près de 4 milliards d’euros d’investissements annuels. Sans parler de l’entretien particulièrement coûteux des ponts et ouvrages d’art, dont l’état doit être régulièrement inspecté. Ils subventionnent également les projets routiers du bloc communal (qui gère 704.000 kilomètres de routes) et pour partie le réseau national via le contrat de plan État-région (CPER), dont la part consacrée aux routes par l’Etat vient d’être réduite de 50 %.

L’ensemble des routes françaises (un million de kilomètres) assure plus de 80 % de la mobilité des personnes et des biens. La route est, et demeurera, une infrastructure essentielle pour assurer les mobilités en cohérence avec les autres modes de transports. Elle a par ailleurs un rôle décisif à jouer pour contribuer à la décarbonisation des mobilités.

« Le réseau routier est globalement vieillissant et nécessite un financement régulier pour en assurer la transformation et la modernisation sur le moyen et long terme. Les collectivités départementales sont prêtes à prendre leurs responsabilités pour réussir la décarbonation de la route. Celle-ci implique de relever le défi de l’électrification et de la massification des usages qui requière de lourds investissements, pour lesquels le soutien de l’État est nécessaire », explique François Durovray, président de l’Essonne, et président de la Commission Transports, Mobilités et Infrastructures.

Départements de France a décidé d’organiser très prochainement des « rencontres de la route » pour contribuer à la redéfinition de son modèle économique, mobiliser les acteurs du secteur et faire connaître ses propositions.