Pas de big bang territorial !
Nous avons effectivement besoin d’une nouvelle étape de la décentralisation. Mais nous n’avons pas besoin d’un big bang territorial. Plutôt d’un big bang des pratiques et de l’action publique.
On ne peut que se féliciter que le Président de la République envisage de repenser l’organisation territoriale. Mais nous n’avons pas besoin d’un big bang territorial. Plutôt d’un big bang des pratiques et de l’action publique.
La décentralisation doit être améliorée certes, mais il faut se mettre d’accord sur ce que cela veut dire. Décentraliser, ce n’est pas seulement délivrer une compétence. Décentraliser, c’est d’abord laisser l’intelligence des territoires s’exprimer. C’est privilégier les chef-de-filats pour sortir de cette logique de silos qui fige l’action publique et frustre nos concitoyens. Décentraliser, c’est regarder au plus près pour voir loin ; et donner du sens à l’action de proximité seule à même de répondre efficacement aux difficultés du quotidien. Les Départements ont fait 103 propositions pour agir mieux au service des Français. Elles sont aujourd’hui sur la table et il y a urgence à s’en saisir !
L’État doit accepter de lâcher prise et d’en finir avec cette passion pour les organisations qui brident les initiatives locales. Nos compatriotes attendent de nous que l’on agisse ; nous devons pour cela urgemment définir tous ensemble quel est le bon niveau d’action.
Car c’est dans la désillusion que se creuse le lit de la désespérance qui pousse nos concitoyens vers l’abstention ou les extrêmes. Il faut nous redonner du souffle et de l’autonomie financière et cesser de disposer de nos ressources au gré des besoins de communication des différent s ministères. Cette réforme doit permettre de redonner du sens aux prélèvements, au regard des politiques menées ; et mettre ainsi le citoyen en situation d’acteur du sens collectif. Il faut cesser de le considérer comme un consommateur de services pensés depuis Paris et lui rendre la dignité de décider, par son bulletin de vote, les actions qu’il souhaite voir menées, là où il a choisi de vivre.
Les Départements ont fait la preuve d’agilité dans les crises que nous venons d’enchaîner depuis celle des Gilets Jaunes. Ils doivent désormais être confortés dans leur rôle d’organisateurs du territoire. Car les Départements ne sont pas que la collectivité du social ! En entretenant les routes ou encore en installant la fibre, nous sommes au coeur de l’aménagement du territoire. Nous demandons de pouvoir intervenir dans des domaines où les lois actuelles nous empêchent d’agir.