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Programme économique du NFP : le mauvais remède au mauvais moment

Le déficit commercial, les difficultés de recrutement ou une inflation toujours soutenue indiquent que la France souffre avant tout, dans le contexte actuel, de contraintes d’offre.

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Représentation de la baisse de l'économie
(Crédit : Freepik)

Or, le programme du Nouveau Front Populaire se base avant tout sur un soutien à la demande. Accroître le pouvoir d’achat des ménages pour stimuler la croissance via une hausse de la consommation peut être pertinent dans un contexte de demande insuffisante, de chômage élevé et d’inflation faible, comme par exemple pour relancer l’économie suite à la crise de 2008. Cependant, au vu de la situation de l’économie française, cette politique semble être le mauvais remède au mauvais moment. Le programme du Nouveau Front Populaire est très dépensier, dans un contexte de finances publiques déjà dégradées.

Asterès n’a pas eu le temps, à ce stade, de chiffrer précisément le coût de l’ensemble des mesures proposées. Cependant il apparaît évident que les dépenses ou manques à gagner (hausse des salaires dans la fonction publique, baisse de l’âge de la retraite, multiples dépenses sociales en faveur des services publics) dépassent de plusieurs dizaines de milliards d’euros, au bas mot, les recettes proposées, qui reposent principalement sur une hausse des impôts des plus aisés.

La soutenabilité des finances publiques serait mise en cause. La crise sanitaire, puis la crise énergétique ont fortement accru la dette publique. Il est vrai que le précédent gouvernement porte une responsabilité dans cette situation, par exemple en instaurant un bouclier tarifaire sur l’énergie qui avait été jugé trop coûteux par Asterès.

Toujours est-il que, avec un déficit public de 5 % du PIB et des taux souverains qui ont augmenté depuis l’annonce de la dissolution, indiquant la défiance des investisseurs vis-à-vis de la dette française, la question des finances publiques doit être abordée avec prudence. Un programme qui creuserait vraisemblablement le déficit public de plusieurs points de PIB est à proscrire dans le contexte actuel.

Pour rappel, à l’automne 2022, une annonce de baisse d’impôts de 45 milliards de livres (soit 1,8 % du PIB) de la Première ministre britannique Liz Truss avait déclenché une crise de la dette qui l’avait contrainte à faire machine arrière. La France et le Royaume-Uni étant des économies très comparables, y compris en termes de finances publiques, une crise similaire en France n’est pas exclue si le prochain gouvernement voulait appliquer un programme très dépensier. La hausse des salaires reviendrait à creuser encore plus le déficit commercial tout en attisant l’inflation.

Le programme du Nouveau Front Populaire prévoit de fortes hausses de salaires. Si cela est positif pour le pouvoir d’achat des salariés, il en résulte deux problèmes : un creusement du déficit commercial (plus d’importations du fait d’une hausse de la consommation et moins d’exportations du fait d’une hausse des coûts de production) et une stimulation de l’inflation du fait d’une hausse des coûts des entreprises.

Baisser le temps de travail aggraverait les difficultés de recrutement. Le Nouveau Front Populaire prévoit de diminuer le temps de travail, que ce soit en abaissant l’âge de départ en retraite ou en réduisant le temps de travail hebdomadaire. Les gains en termes de baisse du chômage semblent illusoires dans un contexte de taux de chômage relativement faible et de difficultés de recrutement élevées. Cette politique aggraverait d’ailleurs ces dernières, limitant la capacité de production des entreprises comme des administrations qui peinent à recruter.