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Seb : le site d’Is-sur-Tille menacé ?

Entreprise. Le site d’Is Sur Tille subit un plan de réorganisation pour transformer cette unité de production en PME.

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Photo d'engrenages
(Crédit : Freepik)

Le site d’Is-sur-Tille a vu le jour en 1976. Il devient dans la foulée Centre de compétence de lacuisson électrique pour le Groupe SEB. En 2002, suite au dépôt de bilan de Moulinex, son principal rival sur le marché des friteuses, le site se retrouve en situation de fournir la quasi-totalité du marché par les clients et bat des records de production avec 2,2 millions de pièces livrées. Mais le contexte change, et la distribution commence à sourcer des friteuses en Chine qu’elle commercialise sous marque propre ou sans marque. Les volumes de production d’Is-sur-Tille sont fortement impactés et le site doit se réorganiser.

Il fait alors le pari de l’innovation, comme facteur clé de création de valeur, de dynamisation du marché et de différenciation face à la concurrence des produits à bas prix. En 2006, Actifry voit le jour, une révolution : la 1re friteuse « sans huile » du marché, après 4 années d’efforts constants en R&D. Le succès commercial est au rendez-vous et le site d’Is-sur-Tille repart dans une dynamique de croissance. En 2009, la barre du million d’Actifry produites sur l’année est franchie et la gamme ne cesse de se diversifier. Mais depuis 2018 /2019 la chute des ventes d’Actifry n’a cessé de diminuer, pour atteindre un niveau de production au plus bas, 70 000 / 80 0000 Actifry sur 2024. Depuis 2019 la CGT n’a eu de cesse d’alerter la direction de la situation inquiétante de cette baisse dans toutes les instances représentatives. Différentes actions ont été mises en place pour faire face à cette diminution de la production et chercher des solutions alternatives pérennes, telles que le lancement de nouveaux produits.

Malheureusement, ces multiples efforts n’ont pas réussi à stopper la diminution de la charge. Une production de Cookeo nous a été octroyée pour colmater ce manque de production. Toujours dans l’optique de trouver des solutions alternatives, une nouvelle activité orientée sur la mobilité (vélo électrique ANGELL) a été introduite sur le site à l’été 2020, à ce jour celle-ci a dû mal à prendre son envol.

Actuellement le site d’Is Sur Tille subit un plan de réorganisation pour transformer cette unité de production en PME. Ce choix stratégique suscite un grand scepticisme parmi les salarié.es. Pourtant cette entité a toujours été reconnue par le Groupe SEB pour sa capacité à s’adapter et à s’organiser rapidement pour intégrer tous types de produits du petit équipement domestique. Les salarié.es travaillent dans un climat social délétère qui règne parmi eux, qui n’ont plus aucune motivation à faire tourner l’unité de production, une confiance au plus bas avec en point de mire : plus d’Actifry, plus de Four, plus de Cookéo, plus de Cookéo Custom fabriqués sur le site d’Is-sur-Tille et en France.

Deux projets en interne sous confidentialité sont en cours d’étude et nécessitent encore des analyses approfondies avant d’être (peut-être) présentés aux organisations syndicales le 18 juin en CSEC qui est aujourd’hui attendu par tous avec impatience. Malgré cela, SEB fort de sa communication et de son lobbyisme fait sortir de terre une plate-forme logistique avec à la clé 100 emplois (non SEB) à Til-Châtel, situé à quelque kilomètre d’Is sur tille et qui sera géré par un sous-traitant.

Ne serait-ce pas l’arbre qui cache la forêt ? Cela se déroule alors que le Groupe SEB investit dans des acquisitions d’usines en France. De plus, le Groupe SEB commence l’année 2024 comme prévu, avec une croissance organique des ventes solide, dépassant à nouveau les 5% ce trimestre. Pour fabriquer en France il faut des produits très sophistiqués, innovants et à forte valeur ajoutée pour compenser le surcoût. Pourtant, le site d’Is Sur Tille, fort de son Bureau d’Etudes amené à devenir centre d’expertise développement Groupe, conçoit des produits sourcés à forte valeur ajoutée. C’est pour cela que les salarié.es ne comprennent pas cette politique industrielle nous excluant du petit équipement domestique.

Nous demandons plus de clarté et de transparence sur les nouveaux projets R&D. Nous demandons l’augmentation du budget investissement pour favoriser le développement de produits nouveaux sur notre site. Ce qui fait écho aux enjeux environnementaux. Nous demandons de préserver la stabilité des emplois. En 10 ans, le site d’Is-sur-Tille a perdu plus de 100 emplois et cela continuera avec cette réorganisation, avec le non-remplacement du personnel de production qui part en retraite.