« Extrêmement déçu, mais pas surpris ».
Le président de la chambre d’agriculture de la Côte-d’Or Jacques de Loisy ne mâche pas ses mots quant à la validation par la Commission européenne du traité Mercosur. « Ursula von der Leyen a l’habitude de brader l’agriculture française et européenne ; ce sont encore les agriculteurs qui vont en pâtir ! » En négociation depuis près de 25 ans, cet accord doit permettre à l’Union européenne d’exporter plus de voitures, de machines, de vins et de spiritueux en Argentine, au Brésil, en Uruguay, au Paraguay et en Bolivie. En retour, cet accord faciliterait l’entrée de produits sud-américains dans l’Union européenne comme la viande, le sucre, le riz, le miel et le soja. Pour le faire adopter, la Commission a décidé de scinder le texte en deux volets : un accord de partenariat global qui regroupe les dispositions relevant des compétences nationales et qui doit être ratifié par chaque État membre et le Parlement européen ; un accord commercial intérimaire qui comprend les dispositions commerciales et qui concerne exclusivement les compétences européennes. Son entrée en vigueur dépendra d’un vote à la majorité qualifiée au Conseil de l’Union européenne, soit le vote de 55% des États membres, 15 États sur 27, qui devront représenter au moins 65% de la population. Puis, viendra le tour de son adoption par le Parlement européen. Ces deux dernières étapes de ratification seront fixées d’ici la fin de l’année. « On va donc importer du maïs et du soja OGM interdits de production chez nous, ou des animaux nourris aux OGM, dénonce Jacques de Loisy. On nous parle de clauses miroirs depuis 20 ans, aucune n’a jamais été mise en place, ce sont juste des éléments de communication ! » Face à la hausse des droits de douane sur les exportations vers les États-Unis, le Mercosur peut il être une chance, en particulier pour les vignerons ? « Non, tranche le président de la chambre d’agriculture 21. Je ne vois pas les Argentins, qui produisent d’honorables vins de moyen de gamme, laisser de la place à nos vins européens et français, encore moins de la Côte d’Or ». Faut il s’attendre à une réaction de la part de la profession ? Pas le 10 septembre, mais plus tard, dit encore Jacques de Loisy, par ailleurs maire d’Hauteville lès Dijon, qui invite « tous ses collègues agriculteurs, viticulteurs, forestiers, propriétaires de foncier agricole ou pisciculteurs à se porter candidats aux élections municipales. C’est le meilleur moyen de prendre son destin en main ».