Le vin de Dijon aura t-il bientôt sa propre appellation ?
Vins. L’association des vignerons de Bourgogne Dijon dépose un dossier auprès de l’INAO pour la création d’une appellation Bourgogne Dijon.
Après le Bourgogne Côte-d’Or, Dijon aura t-il son propre vin ? C’est en tout cas l’objectif du dossier déposé auprès de l’Institut National de l’origine et de la qualité (INAO) par Jean-Luc Theuret, président de l’association des vignerons de Bourgogne Dijon qui en a symboliquement remis un exemplaire au président de Dijon Métropole François Rebsamen. Avec ce dossier, un espoir : obtenir la Dénomination géographique complémentaire (DGC) pour les vins du Domaine de La Cras racheté par Dijon Métropole en 2013 sur le plateau situé entre Dijon, Plombières-lès-Dijon et Corcelles-les-Monts, et géré par la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or pour faire renaître une appellation dans l’aire AOC Bourgogne : le Bourgogne Dijon.
Pour François Rebsamen, les vins de Dijon, renommés et reconnus aux XVIIe et XVIIIe siècle « font partie de l’identité de Dijon et de la métropole » dont la Cité Internationale de la Gastronomie et du Vin (CIGV), mais aussi l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV) qui regroupe 48 états et dont le siège est depuis cet été à Dijon sont autant de « terrains fertiles pour faire renaître l’histoire prestigieuse du vin dijonnais » ; le président-maire ne manquant pas de souligner que « la CIGV a accueilli 300.000 visiteurs en cinq mois alors que nous visions 400.000 la première année ». Pour Jean-Luc Theuret : « Le dossier est fiable à 75%. Nous avons apporté la preuve d’une histoire viticole reconnue et renommée, que les terres sont aptes à recevoir les plants mais surtout que les vignerons y trouveront un intérêt économique ». Un intérêt marqué lors des premières manifestations au cours desquelles des professionnels ont « unanimement reconnu les qualités du Bourgogne Dijon » mais, et c’est sans doute là le plus important, un vin qui a obtenu l’aval des premiers consommateurs.
Faire renaître le passé et préparer l’avenir
Car obtenir une DGC n’est pas rien. C’est aussi ce qu’a rappelé Jocelyne Pérard, responsable de la Chaire UNESCO « Culture et Traditions du Vin » à l’Université de Bourgogne : « La partie historique du vignoble va être primordiale dans l’obtention de la DGC, et il faut s’appuyer sur les travaux qui ont été effectués par les historiens et les anthropologues ». En clair : démontrer que le Bourgogne Dijon s’inscrit dans une démarche globale.
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Pour François Rebsamen, une DGC sera l’occasion de faire renaître un vin dijonnais mais aussi d’anticiper l’évolution du climat : « Nous devons penser le vignoble de demain, et c’est tout le sens du verger conservatoire de Pinot et de chardonnay qui permettra de créer une banque génétique et de voir quels cépages sont le plus adaptés au changement climatique. Nous nous devons d’anticiper ces changements d’autant que nous aurons beaucoup de mal à tenir les engagements de la COP21 » et d’ajouter : « Il faut se souvenir qu’à une époque à Chenôve, nous avons détruit des vignes pour construire des HLM que nous détruisons aujourd’hui ».
Désormais « la décision est entre les mains des chercheurs de l’INAO » précise Jean-Luc Theuret qui a tenu également à rappeler que « le projet de Bourgogne Dijon consiste à faire renaître un vignoble autrefois renommé mais qu’il s’agit aussi de produire un vin qui puisse faire la fierté des Dijonnais ». Une réponse à l’explosion des prix des vins de Bourgogne et en particulier des Bourgogne Côte-d’Or qui ont presque doublé en un an : « C’est avant tout un problème de production, répond-il, nous devons nous assurer que ce vin reste accessible ». Reste à voir si les premières bouteilles d’un futur Bourgogne Dijon sauront résister aux sirènes du marché…