Champagne / In Vino

Un nouveau venu en IGP Coteaux-de-Tannay

Viticulture. À 22 ans, Romain Desbrosses vient de reprendre le Domaine de Bel Air à Tannay (58), un domaine historique sorti de l’oubli par quelques passionnés.

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Un nouveau venu en IGP Coteaux-de-Tannay
Romain Desbrosses dans ses vignes. Le jeune (22 ans) viticulteur a eu la chance d’acquérir un domaine emblématique après sa formation à Beaune (Crédit : JDP)

Créé par Pierre Hervé dans les années 1990, le domaine Bel Air (situé sur l’IGP Coteaux-de-Tannay) est une véritable institution. Seul vignoble conduit en agriculture biologique, il est surtout un des pères de la renaissance de ce vin vieux de plusieurs siècles. Car s’il avait totalement disparu avec le phylloxera de 1875, ce vignoble ni Bourgogne, ni vins de Loire, enrichi par les rives de l’Yonne bénéficie d’une situation géographique et géologique sans équivalent. Une singularité qui, du Moyen-Âge au XIXe siècle, avait permis aux vins produits sur les 3.000 hectares de rejoindre les plus prestigieuses tables. Il faudra attendre les années 1980 pour que quelques vignerons, dont Pierre Hervé, fassent revivre cette appellation, forte aujourd’hui de quelque 21 hectares qui grâce à l’IGP obtenue en 2011, a permis de relancer une économie.

Deux années d’incertitude

En reprenant Bel Air, Romain Desbrosses rompt lui avec la tradition familiale : « Je suis fils d’éleveurs d’Ouroux-en-Morvan mais j’ai toujours été passionné par le vin. Après des études à Beaune, j’ai eu la chance d’acquérir ce domaine ». Une origine morvandelle à laquelle il tient. « Je ne sais pas si je ne vais pas rebaptiser le domaine Le Morvandiau », hésite-t-il. Pour le moment, en attendant une première cuvée à l’été 2023, c’est aidé par son oncle ancien mécanicien aux abattoirs de Corbigny, qu’il donne un coup de jeune au domaine. Et la tâche est ardue : « Nous avons une cave voûtée, vestige d’une ancienne grange que nous allons transformer en caveau de dégustation ». À l’extérieur, les vignes palissées en V ont besoin d’un coup de « désherbage » et d’entretien.


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La cuverie a été complètement refaite, équipée de nouvelles cuves : « Entre la Covid et la guerre en Ukraine, j’ai choisi le bon moment, sourit-il. Les matériaux flambent. Le prix des cuves explose et je vais devoir commander tout de suite mes bouteilles par crainte de pénurie de verre ». Mais Romain Desbrosses garde l’énergie : « C’est un beau projet. Nous allons faire les premières vendanges du domaine entièrement à la main. Et nous avons la chance d’être sur une année exceptionnelle qui offre à la fois une quantité et une belle qualité de raisin. Ensuite nous verrons. J’aimerais m’engager dans une plus grande surface de Pinot noir, mais aussi développer le Pinot Gris qui permet de faire de très bons vins rosé ». Pour l’heure, Melon Bourguignon, Pinot noir, gris, et Chardonnay coulent des jours heureux sur les vignes renaissantes du Domaine de Bel Air qui promet une première cuvée « Desbrosses » exceptionnelle après deux ans de préparation.