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Autun, territoire zéro naissance

Santé. Après la décision de l’ARS de suspendre la maternité d’Autun, les élus et parlementaires de Saône-et-Loire et du Morvan maintiennent la pression et marquent leur colère.

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Photo de la manifestation du 11 mars contre la fermeture de la maternité d'Autun
Lors de la manifestation du 11 mars contre la fermeture de la maternité d’Autun. (Crédit : Carine Beaufils)

Suspension provisoire, fermeture… le sort de la maternité d’Autun ressemble à une mauvaise rupture : « C’est comme quitter quelqu’un en lui assurant que l’on fait juste un break pour le ménager » compare Carine Beaufils, collaboratrice du député Rémy Rebeyrotte (Renaissance). Depuis le mois de décembre et la décision de l’ARS — Agence Régionale de Santé— les élus locaux ne décolèrent pas : « Une concertation a été engagée après la suspension. »

Dans un « appel républicain  » lancé avec plusieurs élus Rémy Rebeyrotte, adresse un message à l’ARS : « C’est aux professionnels de santé de s’adapter aux territoires et non l’inverse » mais aussi aux professionnels : « Qu’ils aient choisi pour beaucoup d’entre eux le littoral et les grandes métropoles pour s’installer, c’est une chose ! Qu’ils mettent en difficulté, en les isolant encore davantage, leurs collègues qui ont choisi d’autres espaces urbains ou ruraux, c’en est une autre ! ».

Aujourd’hui c’est à Brigitte Macron que le député de Saône-et-Loire en appelle par un courrier sollicitant l’aide de la Première dame.

Une course contre la montre

Car les élus ont une dizaine de propositions et parmi elles la création d’un Centre de périnatalité, d’un SMUR médicalisé avec sage-femme sous l’égide d’un Groupement Hospitalier de territoire propre aux trois départements du Morvan « pour combler le vide sanitaire de 175km entre Nevers et Chalon ».

De son côté, le maire d’Autun, Vincent Chauvet, dont l’absence lors de la dernière manifestation du 11 mars a été très commentée tempère : « C’est une "suspension de l’activité du plateau d’accouchement" (avec maintien de la chirurgie gynécologique, de l’IVG et du suivi pré et post-partum. Ce qui veut dire que l’activité peut reprendre dès que les effectifs le permettront. ».


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Mais le 1er mars, un rapport du Professeur Yves Ville de l’Académie de Médecine fait l’effet d’une bombe.

Photo du Panneau d'agglomération drapé
Les communes du Morvan ont drapé leurs panneaux d’agglomération de noir pour marquer la colère face à la suspension des activités de la maternité d’Autun. (Crédit : Louis Basdevant)

Il préconise notamment la fermeture des maternités assurant moins de 1.000 accouchements — Autun en assure 300 en moyenne : « On nous renvoie au Creusot qui assure 600 accouchements. Ce qui veut dire que dans deux ans, Le Creusot fermera. Les médecins de ville s’imaginent sans doute que leurs collègues de province sont incapables d’assurer des accouchements » rétorque-t-on du côté du bureau parlementaire.

Mais Vincent Chauvet rassure : « Aucun élu ne peut accepter une diminution du service public sur sa commune. Je ne désespère pas de renverser la décision de l’ARS avec de nouveaux médecins. Nous avons fait venir deux généralistes, deux ophtalmologues et une dentiste en libéral. Malheureusement nous n’avons pas réussi à trouver de gynécologues ». Pour symboliser leur colère, une soixantaine de communes ont masqué leurs panneaux d’un drap noir : « Parce qu’ici on n’aura bientôt plus le droit de naître ».

La mobilisation est encore forte donc et désormais, les élus attendent que le directeur de l’ARS vienne sur place : «  Ce n’est pas depuis son bureau à Dijon qu’il peut évaluer les besoins de notre territoire ! ».