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Changement climatique : et si les rivières étaient la solution ?

Environnement. Face à l’urgence de la lutte contre le changement climatique, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse veut agir plus vite et plus fort et convaincre les collectivités, les industriels et les agriculteurs des bienfaits de la renaturation des rivières dans ce combat. Elle organisait ainsi une journée d’échange sur cette thématique le mercredi 12 octobre à Dole.

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Changement climatique : et si les rivières étaient la solution ?
Une rivière qui retrouve des méandres et qui n’est pas canalisée, ralentit les eaux et retarde le pic de crue. (Crédit : Agence de l’eau.)

Dans sa mission fixée par l’État de reconquête du bon état de l’eau et des milieux aquatiques, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse est majoritairement sollicitée par les collectivités sur le volet assainissement et eau potable. La ligne budgétaire consacrée au volet restauration du fonctionnement naturel des rivières et des zones humides est à l’inverse bien moins visée. Or, chouchouter ses milieux permettrait de limiter une bonne partie des impacts négatif lié au réchauffement climatique. C’est pour convaincre un maximum de donneur d’ordre et maîtres d’ouvrages que l’Agence de l’eau a organisé le 12 octobre à Dole une journée baptisée : et si nos rivières étaient la solution ?

Agir plus vite, plus fort

« Redonner un fonctionnement plus naturel aux milieux aquatiques, c’est les rendre plus robustes pour supporter les impacts du changement climatique. En été, cela peut contribuer à limiter l’augmentation de la température de l’eau ou l’assèchement des rivières. Cela permet également de conforter les ressources et limiter la vulnérabilité des usages comme l’alimentation en eau potable. C’est aussi une solution pour réduire les risques d’inondations et protéger les populations. Plus encore, la renaturation des rivières contribue à améliorer la qualité de l’eau et le cadre de vie et à favoriser le retour de la biodiversité, explique Laurent Roy, directeur général de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse tout en alertant sur l’urgence de la situation. »

« On le sait désormais, la renaturation des rivières et des milieux aquatiques est un moyen économique, pérenne et efficace pour s’adapter aux effets du changement climatique »

« Le changement climatique est de plus en plus intense. L’année de sécheresse que nous venons de vivre était prévue par les modèles mais pas avant 2050 ! Les politiques de l’après-guerre, conduites dans un objectif de développement économique, ont accéléré l’artificialisation de nombreux cours d’eau français, modifiant leurs tracés et asséchant les zones humides. Sur le territoire d’action qui est le nôtre, plus de la moitié des rivières sont trop artificialisée pour atteindre le bon état écologique. Et le changement climatique, avec la multiplication de phénomènes intenses, vient encore aggraver ces détériorations. Il est urgent d’agir plus vite et plus fort et faire pleinement de nos rivières des alliées en leur redonnant un fonctionnement naturel ».

460 millions d’aides

De nombreux projets de restauration de rivière ont déjà vu le jour avec l’aide de l’Agence de l’eau. Depuis 2019, plus de 242 kilomètres de cours d’eau ont retrouvé un bon fonctionnement sur les bassins Rhône-Méditerranée et Corse dont 50 kilomètres en Bourgogne Franche-Comté et en Grand Est. Et plus de 700 hectares de zones humides ont été acquis ou restaurés. Sur les rivières à forte énergie, comme la Bienne à Jeurre (39) ou encore Lavancia, sur le Doubs entre Parcey et Champdivers, les enrochements et digues vétustes ont été supprimés car ces aménagements hydrauliques n’étaient plus nécessaires. En outre, des travaux de recharge du fond du lit en galets et graviers permettent d’accueillir de nombreuses espèces de faune et de flore aquatiques emblématiques de ces cours d’eau.


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En tête de bassin versant aussi, divers cours d’eau font l’objet de restauration écologique qui permet de ralentir les écoulements en période de hautes eaux (limitant les crues à l’aval) tout en reconnectant les zones humides attenantes pour une meilleure adaptation aux épisodes caniculaires. Par exemple, la Clauge forestière, abîmée et drainée, reprend forme pour réduire la durée des périodes d’assèchements, assurant le retour de diverses espèces aquatiques remarquables. Dans la traversée de certaines agglomérations, les milieux aquatiques retrouvent aussi une place de premier plan pour contribuer à améliorer le cadre de vie, la quiétude et fraîcheur des quartiers : la Furieuse à Salins-les-Bains, l’Allaine à Delle, l’Albane à Belleneuve font peau neuve...

« Sur tous les bassins du Doubs, de la Saône et de la haute vallée de l’Ain, des travaux sur la Basse Dheune à Palleau, la Linotte à Loulans-Verchamp ou la Mouge à Azé ont permis à ces rivières de retrouver un tracé favorable à un fonctionnement plus harmonieux, adapté aux débits et propice à la biodiversité. La ressource en eau s’en voit consolidée pour une satisfaction renforcée des usages tels que l’abreuvement du bétail, l’écrêtement des hautes eaux, le soutien des étiages ou la pêche de loisir. Dans le cadre de notre programme d’action 2019-2024, nous prévoyons d’investir 460 millions d’euros pour soutenir les collectivités dans leurs projets de restauration des milieux aquatiques. En Bourgogne Franche-Comté et en Grand Est, nous avons déjà apporté plus de 20 millions d’euros d’aides. Nous l’avons dit, cet été, les premières victimes des évènements climatiques ont été les milieux aquatiques. Très fragilisés, ils ont en outre dû faire face à une demande accrue de prélèvements nécessaires pour satisfaire les différents usages, eau potable ou irrigation notamment. On le sait désormais, la renaturation des rivières et des milieux aquatiques est un moyen économique, pérenne et efficace pour s’adapter aux effets du changement climatique. La dynamique d’engagement de projets de restauration doit s’accélérer et la mobilisation des élus, porteurs de ces démarches, est l’une des clés pour y parvenir. Le portage politique est aussi une condition de réussite des projets pour associer et convaincre toutes les parties prenantes, les acteurs économiques et notamment les agriculteurs, mais aussi les riverains pour remporter l’acceptation sociale des projets », conclu Laurent Roy.