Des reptiles remis en liberté à Besançon
Environnement. Le lundi 3 octobre la Ligue de protection des oiseaux (LPO) Bourgogne Franche-Comté et la Citadelle de Besançon procédaient à la remise en liberté de couleuvres vipérines, prélevées de leur milieu afin de les protéger de travaux réalisés sur les berges du Doubs.
À l’occasion des travaux de restauration des berges du canal du Rhône au Rhin menés par Voies navigables de France (VNF) dans le Doubs, la LPO BFC et la Citadelle de Besançon accompagnent, pour la deuxième année consécutive, l’établissement public en charge du réseau fluvial dans son obligation légale de préservation et de sauvegarde de la faune sauvage. L’objectif est ici de protéger la population locale de couleuvres vipérines. « Placée sur la liste rouge des reptiles et amphibiens menacée de disparition de Franche-Comté, la couleuvre vipérines est un serpent inoffensif qui est ici en limite nord-est de son aire de répartition géographique. L’animal est semi-aquatique. Il se sert du milieu liquide pour chasser. Le reste du temps, il vit sur terre », précise Alix Michon, chargée de missions herpétologie pour la LPO BFC.
Gîte et couverts
Capturés en 22 passages réalisés entre mi-avril et mi-juillet le long du canal en moyenne vallée du Doubs, 11 individus adultes et semi-adultes de couleuvres vipérines ont été hébergés à la Citadelle le temps des travaux, dans des dispositifs dédiés. Par ailleurs, une trentaine d’autres espèces animales, moins vulnérables, a été déplacée en dehors de la zone de travaux.
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« C’était la deuxième année que nous réalisions une telle opération. Entièrement autofinancée par la Citadelle en 2021, l’opération est cette fois en partie prise en charge par VNF. Fort de notre expérience, nous avons pu aménager des bacs qui habituellement servent d’abreuvoirs pour les veaux en un habitat idéal pour ces reptiles. Les différents bacs ont été reliés entre eux par des tuyaux et l’un d’eux, rempli d’eau, fut dédié à la chasse. Deux poissons par individus et par semaine y était introduits. Les bacs ont également été adaptés à la météo, avec des points chauds pour compenser les jours sans soleil et des « bunkers » semi-enterrés en cas de fortes chaleurs, explique Frédéric Maillot, responsable des programmes de conservation au musée de la Citadelle. Un suivi très régulier des serpents a été réalisé pour confirmer leur bonne adaptation et assurer leur reproduction. Les quatre femelles adultes capturées ont pu se reproduire et 36 juvéniles ont vu le jour ».
« Fin septembre, les travaux de restauration des berges arrivant à leur terme, il était temps d’envisager le retour au milieu naturel pour nos couleuvres, raconte Alix Michon. Il s’agissait de remettre les individus à l’endroit même de leur capture. Pour cela nous devions au préalable nous assurer que les travaux n’avaient pas nui à leur habitat, que des aménagements spécifiques : passes à petite faune et enrochements... avaient été réalisés pour permettre une réintroduction des couleuvres dans les meilleures conditions. Sur ce point la LPO à une posture d’accompagnement des porteurs de projets comme VNF, nous travaillons ensemble à restaurer la continuité écologique la plus favorable compatible avec les enjeux propres à l’aménageur ».
Individus fichés
Le mois d’octobre permettra aux 11 couleuvres vipérines qui vont être relâchées de préparer leur hivernage qui débutera aux premiers froids. Un suivi par les équipes sera réalisé dans deux ans pour évaluer la bonne recolonisation des berges par ces serpents qui ont tous été identifiés via leur empreinte ventrale unique en forme de damier, véritable tatouage identitaire pour chaque individu. Une première évaluation du succès de ce programme sera effectuée au printemps prochain avec les couleuvres sauvegardées en 2021 et relâchées dans un milieu similaire.
« Ce dispositif illustre pleinement l’une des missions des parcs zoologiques modernes, tel que le Muséum de la Citadelle de Besançon, liant expertise des équipes scientifiques et actions de terrain en faveur de la biodiversité. Le Parc zoologique est ainsi acteur de 53 programmes de conservation à ce jour, dont six projets de réintroduction d’espèces en danger critique d’extinction comme l’Apron du Rhône, du criquet de Crau ou de l’écrevisse à pattes blanches (réalisé en lien avec AP2R) dont seuls deux ruisseaux du Rhône l’accueillent encore en France », défend Frédéric Maillot.