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L’épidémie silencieuse qui décime l’économie française

Santé. Avec la découverte d’un nouveau cas de grippe aviaire en Saône-et-Loire, 47 communes sont placées en périmètre de sécurité.

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L'élevage de volailles
« Plus importante épidémie de l’histoire, la grippe aviaire continue de progresser et de fragiliser toute la filière de l’élevage de volailles ». (Crédit : Alain DOIRE / BFC Tourisme)

Après celui de Fleurville avant les fêtes de Noël, un second cas d’influenza aviaire en milieu sauvage vient d’être détecté sur un cygne retrouvé mort sur les rives du Doubs à Longepierre. L’influenza aviaire - appelée grippe aviaire - est un virus particulièrement contagieux et pathogène pour les oiseaux. Suite à cette découverte, le préfet de Saône-et-Loire a donc placé 47 communes dans un rayon de vingt kilomètres autour du lieu du crime en périmètre de sécurité d’au moins 21 jours.

A l’intérieur de cette zone, plusieurs mesures sont déployées afin de protéger les élevages de volailles d’une potentielle contamination par la faune sauvage, notamment un renforcement des mesures de biosécurité (mise à l’abri), une surveillance renforcée des élevages (analyses de laboratoires).

Ces mesures s’accompagnent de recommandations et interdictions de nourrir les oiseaux sauvages, de fréquenter les zones humides (bords des étangs, des mares et des rivières) où stationnent les oiseaux sauvages, y compris en leur absence, du fait de la possible présence de virus dans les fientes et les sols souillés.

La plus grande crise de l’histoire

Au-delà de l’aspect sanitaire et environnemental, l’épidémie d’influenza aviaire engendre une véritable crise au sein des élevages de volaille. Depuis 2021, le virus a entraîné l’abattage de plus de cinquante millions de volailles, dont deux millions pour le seul mois de décembre 2022. Exemple de cette hécatombe, la population des canards a été divisée par cinq en deux ans, passant de cinquante à dix millions d’individus. Une pénurie dont les consommateurs se sont rendus compte au moment des fêtes en faisant leurs courses avec l’explosion du prix du foie gras.


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En cause, l’inflation bien sûr et l’augmentation du prix de l’énergie mais aussi la raréfaction des canards : « Le sud-ouest a été particulièrement touché par la grippe aviaire et les élevages se sont déplacés vers le nord, mais aujourd’hui ce sont ces zones qui sont touchées », explique Frédéric Coudray-Ozbolt, producteur de foie gras à Donzy (Nièvre) depuis trois générations.

Une difficile et coûteuse sortie de crise

Après plus de 500 millions d’euros de pertes en 2021 pour la filière, l’État a dû débourser plus d’un milliard d’euros en 2022 pour aider les professionnels. La mise en place du niveau « élevé » du risque épizootique vis-à-vis de l’influenza aviaire le 11 novembre 2022 puis la décision en décembre de limiter le nombre de volailles et de ne pas remplacer les individus abattus pour la consommation ne va pas arranger les choses. Seul espoir, le vaccin, qui devrait être déployé à l’automne 2023.

Un véritable défi logistique, sachant qu’il n’existe à ce stade aucun vaccin suffisamment efficace, disposant d’une autorisation de mise sur le marché, et encore moins de réglementation européenne autorisant la vaccination. Le premiers résultats en mars permettront de déterminer qui paiera mais aussi un calendrier pour contrer la plus grande épidémie épizootique de l’histoire pour laquelle les volaillers français plaident pour une vaccination au niveau européen. Et pour cause, les pays importateurs de volaille française sont extrêmement réticents à faire venir sur leurs territoires des volailles vaccinées. Un sujet tout aussi politique donc qu’économique.