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Le bus de l’apprentissage pour valoriser la filière

Education. Le lancement du bus de l’apprentissage est une filière en pleine expansion mais qui représente un investissement massif pour les finances publiques.

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Le bus de l'apprentissage
Le 9 janvier dernier, André Accary, président du CD71, Jean-Philippe Boyer, président de la Chambre des métiers et de l’artisanat de Saône-et-Loire et Liliane Ménissier, directrice académique des services de l’Éducation nationale de Saône-et-Loire, ont officiellement lancé la tournée du bus de l’apprentissage 2023. (Crédit : Conseil départemental)

Depuis le 9 janvier, le bus de l’apprentissage sillonne les route de Saône-et-Loire à la rencontre des collégiens pour promouvoir l’alternance. Initié par le conseil départemental et la Chambre des métiers et de l’artisanat de Saône-et-Loire, le dispositif vise à informer l’ensemble des élèves sur les possibilités d’orientation qui s’offrent à eux après la troisième et à redonner à cette filière ses lettres de noblesse.

Souvent lié à l’échec scolaire ou à des filières de seconde zone, l’apprentissage s’est vu depuis une vingtaine d’années, relégué au rang de voie secondaire de l’enseignement. Une situation qui nourrit une pénurie d’apprentis, donc de main-d’oeuvre qualifiée qui met en péril le fonctionnement des entreprises mais aussi la transmission. Le Département de Saône-et-Loire s’emploie, depuis 2015, à ouvrir de plus en plus de postes au sein de ses directions qui comptent pas moins de 110 métiers différents. La rentrée de septembre verra 53 postes ouverts dans la collectivité qui en compte 70 aujourd’hui.

Un chômage des jeunes au plus bas depuis 1979

Longtemps sous-estimées, les filières de l’apprentissage ont montré depuis trois ans tout leur intérêt. En 2020, l’ancienne ministre du travail Muriel Pénicaud annonçait un vaste plan de sauvetage de l’apprentissage, demandé par l’association des apprentis de France mais aussi le MEDEF. Aides aux entreprises, facilités d’embauche et extension des délais, ce plan de sauvetage a permis de signer 550.000 contrats en 2020, soit 42% de plus qu’en 2019 et 733.200 en 2021(+37% par rapport à 2020).

Attention toutefois, si l’alternance a bien permis de réduire le chiffre du chômage des jeunes d’une façon inédite depuis 1979 (15,1%), selon les données de la Dares, le service statistiques du ministère du Travail, les apprentis préparant une formation de niveau CAP représentaient environ 27% des nouveaux contrats signés en 2020, contre 36% en 2019, 41% en 2018 et pour atteindre 22% en 2021. Dans le même temps, les signatures des bac+3 ou plus ont décollé, de 21% en 2018 à 40% en 2021.


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On peut donc se réjouir que l’apprentissage soit désormais perçu comme une véritable filière de formation mais aussi constater qu’il touche de moins en moins les élèves les moins formés. Un secteur sous perfusion également puisque dans une étude d’Indeed datée de juillet, 40% des entreprises expliquaient qu’elles cesseraient leurs recrutements d’apprentis si ces soutiens publics disparaissaient et 88% d’entre elles demandent à ce que le dispositif soit prolongé au-delà de 2022.

Même si 70% des entreprises interrogées déclarent que le recrutement en alternance leur a permis d’embaucher à coût moindre et que 71% disent avoir pu recruter des jeunes en contrat d’alternance grâce aux aides mises en place, la Cour des Comptes de son côté dénonce un coût exorbitant : en 2021 le coût total de l’apprentissage pour les finances publiques est évalué à 11,3 milliards d’euros dont 5,7 d’aides aux employeurs. La faute peut-être aussi à une filière trop longtemps délaissée par les pouvoirs publics.