Le département continue d’organiser son offre de soins
Santé. Depuis 5 ans, la Saône-et-Loire est pionnière dans l’organisation de l’offre de soin sur son territoire grâce à la création d’un Centre de Santé Départemental.
Embaucher des médecins pour faire face à la désertification médicale est-il une solution pérenne ? En tous cas, en Saône-et-Loire, le président du conseil départemental André Accary y croit et fut même en 2017 un pionnier en la matière avec la création d’un Centre de Santé Départemental et l’embauche depuis de 70 médecins généralistes, suivis de sages-femmes, d’un pédiatre à Autun et d’un psychologue à Sevrey, répartis au sein de maisons de santé. À première vue, la solution peut paraître miraculeuse pour répondre à la désertification médicale, d’autant que, selon un rapport du Sénat paru en mars 2022, 11% des personnes âgées de plus de 17 ans n’ont plus de médecin traitant. Une pénurie encore renforcée par la Crise de la covid.
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Pourtant, le conseil départemental de l’Ordre des médecins de Saône-et-Loire estimait en début d’année que « la désertification médicale ne se réglera pas qu’avec des médecins salariés à 35 heures ». Et pour une raison simple rapportait le CDOM : les médecins salariés travaillent 35 heures alors que les médecins libéraux passent assez facilement le double par semaine dans leur cabinet. Autre problème, la présence parmi ces médecins salariés de « transferts », c’est à dire des médecins salariés en fin de carrière professionnelle.
27 millions de Français sans médecin en 2030
En mars 2022, devant le manque de près de 220 généralistes, le président Accary avait alors l’idée de permettre à des remplaçants de pouvoir exercer six mois dans des communes en manque de généralistes. Mais plutôt que de venir en remplacement d’un confrère comme l’exige le code de la santé, le conseil départemental s’appuie alors sur l’article 51 de la loi de finances de la sécurité sociale de 2018 qui permet de déroger au code pour mettre en place de nouvelles organisations de soins. Et il y a urgence alors qu’on estime à 27 millions, soit la moitié de la population nationale, le nombre de Français qui pourrait se retrouver sans médecin traitant en 2030 selon les chiffres donnés par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Une réalité que le gouvernement a voulu prendre en compte dans son dernier projet de loi de finances de la sécurité sociale il y a quelques jours en imposant aux jeunes médecins une quatrième année d’internat dans des territoires ruraux, et ce contre l’avis des médecins et des étudiants en médecine.
Quoi qu’il en soit, la Saône-et-Loire continue de développer son Centre départemental de santé et ses maisons de santé, et du côté des patients, l’expérience est la fois concluante et rassurante. Reste un élément important, le financement. Le budget de ce dispositif est de huit millions d’euros et déficitaire à hauteur d’un million par an que le département finance. Une réalité économique, due en partie selon l’Ordre des Médecins au temps de travail qui a déjà incité des collectivités à vouloir imposer un nombre minimum de consultations par jour. Une décision qui a incité les médecins à quitter les maisons de santé dans d’autres départements. Et c’est là aussi un sujet délicat depuis toujours : la difficile cohabitation entre les réalités économiques des collectivités et le libre exercice de la médecine par des praticiens qui, même s’ils sont salariés, sont avant tout régis par leur devoir et leur serment.