Le tri des déchets des artisans : Trier c’est payer !
Recyclage. Au 1er mai, la nouvelle REP visant à sécuriser le tri des déchets des artisans entre en vigueur. Une éco-contribution loin de faire l’unanimité auprès des artisans et de la CAPEB et qui devrait faire grimper la facture des clients.
Jeudi dernier, la CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment) de Bourgogne-Franche-Comté a tenu à Chalon-sur-Saône une réunion concernant la mise en place de la REP-PCMB (responsabilité élargie du producteur des produits et matériaux de construction du bâtiment) destiné aux artisans du bâtiment, entrée en vigueur au 1er mai et qui viendra remplacer le système de tri actuel.
Une mesure loin de faire l’unanimité dans le contexte d’inflation et d’augmentation du coût des matières premières.
Oui, mais voilà, pour faire passer la pilule, le gouvernement avance des chiffres éloquents : chaque année, les entreprises du bâtiment génèrent 43 millions de tonnes de déchets, dont 51 % proviennent de la démolition, 36 % des travaux de rénovation et 13 % de la construction neuve.
Ces déchets comprennent du béton, des tuiles, des ardoises, du bois, des isolants et, dans 3 % des cas, des déchets dangereux qui sont les plus coûteux à recycler. Le principe du dispositif REP repose sur la base du pollueur-payeur.
Ainsi sur les factures d’achat figure désormais une éco-contribution à hauteur de 1%, qui sera évidemment reportée sur les clients mais qui devait atteindre 6% en 2026. Quatre éco-organismes (Ecominero, Valobat, Valdelia et Ecomaison) ont été créés, ainsi qu’un organisme coordinateur (Ocab) pour harmoniser le tout.
L’argent collecté sera utilisé pour offrir aux entreprises du bâtiment des services de collecte et de tri des déchets, ainsi qu’une reprise gratuite des déchets triés. Dès le 1er juin, il sera donc possible de déposer ses déchets de construction triés chez des distributeurs mais aussi chez des négoces, à l’image de Doras à Mâcon qui prévoit l’ouverture d’un espace de collecte de 400 mètres carrés pour un investissement de 25.000 euros.
Une calendrier irréaliste selon la CAPEB
Face aux artisans qui s’inquiètent du surcoût lié à cette nouvelle éco-contribution, et dans un contexte de chute libre de la construction, la CAPEB avait demandé le report de la mesure au 1er janvier 2024.
Si le gouvernement a rejeté la proposition, il a en revanche annoncé la mise en place d’une période de "tolérance" de quatre mois pour la mise en conformité des entreprises.
Insuffisant pour la confédération qui au regard des chiffres dénonce une mise en œuvre trop lente : les pouvoirs publics prévoient 50% des installations de collecte en 2024 et une mise en place totale pas avant 2026 : « Ce n’est pas adapté aux demandes des entreprises artisanales qui ont besoin tout de suite d’installations pour déposer leurs déchets. » Jugeant le calendrier « irréaliste », la CAPEB demande aujourd’hui au gouvernement une « clause de revoyure ».