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Premier vol pour les « Flying Doctors »

Santé. Le premier vol Dijon-Nevers « Flying doctor » a eu lieu jeudi 26 janvier. Une mesure sanitaire défendue par ses initiateurs publics et privés malgré la polémique.

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  • Premier vol pour les "Flying doctors"
    (Crédit : JDP)
  • "Flying doctors"
    (Crédit : JDP)
  • Denis Thuriot et Olivier Galzi
    Denis Thuriot à gauche et Olivier Galzi à droite (Crédit : JDP)

Jeudi 26 janvier au matin à l’aéroport Dijon-Bourgogne, l’ambiance était étrange : « On a l’impression de partir pour une expédition en Patagonie », sourit un médecin sous le regard de nombreux médias français. L’instant était solennel pour le premier vol Dijon-Nevers destiné à assurer un pont aérien entre les deux CHU des deux villes pour y transporter les personnels en pénurie à Nevers.

L’idée est née dans la tête de Denis Thuriot, président de Nevers Agglomération et d’Olivier Galzi, vice-président de la société Edeis, gestionnaire de 17 aéroports de territoire en France : « L’avion n’a pas bonne presse en ce moment mais cette initiative nous rappelle que ces infrastructures sont vitales pour les territoires », a rappelé Olivier Galzi précisant que Éodis a géré « plus de 9.000 vols sanitaires en 2022 » et répondant aux critiques : « On ne peut pas taper sur la mauvaise gestion des feux de forêt, sur la concentration économique à Paris, sur la mauvaise gestion sanitaire et taper sur les aéroports de territoires. Ça ne marche pas ».

Même discours pour Denis Thuriot qui a appelé à cesser l’avion-bashing : « Tous les lundis décollent depuis Roissy des dizaines de collaborateurs d’entreprises et je n’entends personne vociférer. Ça tombe bien, parler pour ne rien dire produit aussi du CO2 ! ».

Une urgence à agir

Est-ce le début d’un modèle pour répondre à l’ensemble des déserts médicaux de France ? « Non », répond Denis Thuriot : « Nous avons un territoire particulier, avec le Morvan qui sépare nos deux régions, un temps de trajet trop long. Nous sommes l’hôpital départemental le plus éloigné de son CHU en France. Nous avons des besoins pour la sécurité des Nivernais. ». De son côté Emmanuel Barra, vice-président de SOS médecins souligne l’urgence : « Le manque de médecin se fait de plus en plus sentir. Si on ne donne pas un coup de main, ça va être compliqué pour les populations ».


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Autre interrogation, le coût, 5.200 euros par vol - soit 620 euros par médecin à raison d’un vol tous les jeudis. Sur ce plan, Denis Thuriot répond : « Je reçois parfois des propositions de médecins qui me demandent 3.000 euros par jour. Le Centre hospitalier de Nevers va donc faire des économies avec ce modèle » . Des médecins à propos desquels il ne cache pas non plus un certain agacement : « Il y a de plus en plus de mercenaires chez certains médecins qui exigent des conditions extravagantes. C’est aussi ce qui fragilise l’hôpital. Il faut des mesures incitatives et le Président de la République en est désormais conscient ».

Olivier Galzi de conclure que l’opération, toute vitale qu’elle est joue aussi un rôle de « lanceur d’alerte » pour « donner un coup de projecteur à la fois sur le problème sanitaire et sur l’importance que peuvent jouer les aéroports locaux dans ce maillage territorial et sanitaire ne particulier ».