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Rémunérer les efforts des agriculteurs en faveur de l’environnement

Agriculture. Mardi 21 juin, GBM lançait officiellement le projet expérimental de paiements pour services environnementaux (PSE) auprès de 28 agriculteurs locaux.

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Rémunérer les efforts des agriculteurs en faveur de l'environnement
L’inauguration de Paiements pour services environnementaux (PSE) (Crédit : JDP)

En 2019, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse a lancé un appel à initiatives pour une expérimentation, portée par le ministère de la Transition écologique et les Agences de l’eau, de Paiements pour services environnementaux (PSE). Dans ce cadre Grand Besançon Métropole (GBM) a proposé un projet de territoire qui a été retenu parmi 21 projets sélectionnés par l’agence de l’eau. Élaboré par GBM, le Syndicat intercommunal des eaux du Val de l’Ognon (Sievo) avec l’appui de la Chambre interdépartementale d’agriculture Doubs-Territoire de Belfort et la fédération départementale des chasseurs du Doubs, ce dispositif entend rémunérer, sur cinq ans, 28 agriculteurs afin d’améliorer la qualité de l’eau potable et reconquérir la biodiversité locale. De Fourg à Clerval en passant par Nancray et Valdahon, cela représente une surface totale de 4.026 hectares, dont 1.748 hectares situés sur des zones de ressources stratégiques pour la qualité de l’eau potable de GBM (capatage de Saint-Vit et de Geneuille, source d’Arcier...).

« Il s’agit d’un projet ambitieux qui vise à faire de l’agriculture une alliée de la biodiversité et de la transition agroécologique, défend Denis Jacquin, conseiller communautaire délégué de GBM. Ainsi, en échange de pratiques qui contribuent directement à la préservation de l’environnement, les agriculteurs volontaires seront rémunérés à hauteur des services rendus ». Concrètement, pour calculer le montant d’aide accordé à l’exploitant, ce dernier en partenariat avec la chambre d’agriculture évalue, en fonction d’un système d’indicateurs, la performance environnementale globale de son exploitation. L’aide est alors calculée et versée en tenant compte de l’évolution effective de cette performance. Ces rémunérations pourront alors servir, par exemple, à créer et entretenir des haies, des bandes enherbées, des zones humides, à développer des pratiques agronomiques vertueuses qui limitent l’utilisation d’engrais minéraux ou de pesticides (sortie du glyphosate par rotation des cultures, couverture des sols...)

Un nouvel outil au service de l’environnement

« À titre d’exemple, ce sont plus de 20 kilomètres de haies et 220 arbres isolés qui seront plantés dans les cinq ans », précise Christophe Lime, vice-président de GBM. « Le plus de cette initiative, c’est qu’elle porte sur la globalité de l’exploitation et non sur la seule question phytosanitaire comme pour les aides passées. Ce qui sort l’agriculteur d’une logique de sanction et de contrainte pour le rendre proactif », analyse Stéphane Sauce, de la chambre d’agriculture Doubs-Territoire de Belfort.


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Pour l’inauguration officielle de ce nouvel outil au service de l’environnement, la collectivité bisontine a choisi le Gaec de la Forêt Mairot, à Fontain, une exploitation de 37 hectares de prairies et d’élevage particulièrement impliquée dans le projet. « Nous avons toujours cultivé une certaine sensibilité à la protection de la nature. Aujourd’hui avec le PSE nous pouvons aller encore plus loin dans notre démarche. Nous nous sommes ainsi engagés sur cinq ans à planter 4,3 kilomètres de haies, 70 ares de bandes enherbées, à semer des jachères mellifères, de mettre à disposition des nichoirs pour abeilles solitaires, de réaliser des comptages de vers de terre afin de collecter des données sur la qualité des sols, de baisser nos produits phytosanitaires, de planter sept hectares de légumineuses “en zéro phyto”...  », détaille Adrien Mairot, gérant du Gaec.

« Le coût total de l’opération sur l’ensemble du bassin représente un investissement de 45 millions d’euros et implique 750 agriculteurs. Les 28 exploitants de GBM recevront une aide globale de 3.116.647 euros sur cinq ans  », indique François Rolin, de l’agence de l’eau. Par ailleurs, le montant de l’animation par les prestataires sur les cinq est évalué à 413.870 euros, subventionnée pour 70 % par l’agence de l’eau.