Collectivités

Rendre plus efficiente la construction de bâtiments durables

Construction. Après un an et demi de travaux, la démarche Bâtiments durables Bourgogne Franche-Comté (BDBFC) a été portée sur les fonts baptismaux le 13 octobre lors du dixième Carrefour des collectivités locales à Besançon.

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Rendre plus efficiente la construction de bâtiment durable
Assemblée générale 2022 de Terragilis (Crédit : Terragilis).

L’amélioration de la qualité des opérations du secteur de l’aménagement et du bâtiment est un passage obligé pour réaliser la transition écologique. Née, il y a bientôt 15 ans en Provence Alpes Côte-d’Azur (PACA), de la volonté des professionnels locaux, la démarche Bâtiments durables (BD) s’efforce « de rendre un projet durable aussi simple qu’un projet conventionnel, tout en ne résumant pas sa performance environnementale à la technique ou à sa consommation d’énergie, explique Antonin Madeline, coordinateur de la démarche BDBFC pour l’association Terragilis qui porte ce dispositif avec le soutien du Pôle énergie et de l’Ademe. Cet outil a été créé, par et pour les professionnels. Nous sommes la cinquième région à le mettre en place. Chez nous, c’est le Pôle énergie qui a mené le travail de préfiguration et de déploiement, avant que Terragilis ne soit créée en avril 2021 ».

Tout est parti du constat de la difficulté des professionnels à s’approprier les labels, certifications et outils d’évaluation. « En Bourgogne Franche-Comté, c’est moins de 1,5 % des surfaces de bâtiments tertiaires qui ont fait l’objet d’une demande de labellisation énergétique ou environnementale entre 2007 et 2018 (contre 6 % en France), appuie Antonin Madeline. La Démarche bâtiments durables a ainsi été créée en 2019 pour être à la fois un outil d’évaluation des bâtiments et un dispositif d’accompagnement des porteurs de projets. Sa philosophie consiste à amener l’opération vers la meilleure version d’elle‐même. Elle n’est ni un label, ni une certification de plus, mais avant tout une démarche qui vise à faire progresser les projets et les acteurs ».

BDBFC accompagne les projets de constructions neuves et de réhabilitations de logements collectifs, bâtiments tertiaires et établissements d’enseignement. Elle s’adresse aux maîtres d’ouvrage publics ou privés volontaires de la région. Ce dispositif repose sur le Système participatif garantie (SPG), véritable assurance-qualité ancrés localement, à travers lequel les professionnels de la filière (maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, entreprises, experts...) ont défini collectivement ce qu’est un bâtiment durable, ainsi que l’ensemble de la démarche qualité à mettre en place la plus appropriée à leur territoire.

Exigeant avec les projets, bienveillant avec les acteurs

Dans le détail, la démarche BDBFC s’articule autour de trois piliers pour accompagner, évaluer et faire progresser le projet et ses acteurs. Les opérations sont ainsi examinées grâce à une grille d’évaluation, régulièrement remise à jour, de plus de 300 critères répartis sur sept thématiques qui prennent en compte l’ensemble des exigences du développement durable : territoire, site et biodiversité, ressources et matériaux, énergie, eau, confort et santé, solidaire-social et économie, gestion de projet et qui doivent toutes être obligatoirement traitées par le porteur de projet. « C’est un outil d’aide à la décision à la fois souple et évolutif en fonction des retours. Le porteur de projet n’est pas obligé de cocher les 300 points de la grille, mais il doit avoir au moins un minimum de points par thématiques. A lui de se fixer un objectif à atteindre en lien avec ses contraintes ».


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Un accompagnateur, professionnel de la maîtrise d’œuvre formé par Terragilis est intégré à l’équipe projet pour piloter la mise en place de la démarche et pousser l’équipe vers le haut, la questionner, la sortir de sa zone de confort. « Terragilis agit également en soutien tout au long de l’opération, que ce soit sur la définition du niveau d’ambition ou l’instruction de la grille », précise le coordinateur. Une fois la grille remplie, le projet passe en commission publique d’évaluation composée de professionnels reconnus et bénévoles, aux profils variés (maîtres d’ouvrages, architectes, ingénieurs, entreprises...). La commission donne des conseils pour améliorer l’opération et distribue des points de cohérence globale et des bonus innovation. Cette commission intervient lors de trois phases clés du chantier : en conception, à la livraison et après deux ans d’usage.

« Ces commissions sont publiques : n’importe quel professionnel peut ainsi y participer. Ce dernier peut ainsi voir un confrère expliquer ses choix en lien avec ses contraintes et être évalué par ses pairs. Ces temps, dont le mot d’ordre est : exigeant avec les projets, bienveillant avec les acteurs, sont de véritables espaces d’échange et d’apprentissage collectif avec des partages d’expériences concrets entre l’équipe projet, les membres de la commission, mais aussi le public qui peut poser des questions. Chaque démarche peut également s’appuyer sur les bonnes pratiques du collectif inter-régional et ses 850 projets représentant trois millions de mètres carrés et plus de 4.400 professionnels accompagnés », développe Antonin Madeline.

Trois opérations pilotes en Bourgogne Franche-Comté

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Institut de Tramayes, en Saône-et-Loire. (Crédit : EJO COOP & Éric LIEGEOIS).

En fonction du nombre de points obtenus par la grille d’évaluation et la commission, le projet obtient un niveau de reconnaissance de sa qualité écologique symbolisée par une médaille : bronze, argent et or. « Au-delà de la remise de médaille, l’objectif est avant tout de faire progresser toutes les opérations en les poussant plus loin sur des sujets souvent insuffisamment traités par les labels classiques comme la gestion de l’eau, la biodiversité, la gestion soutenable des ressources... », défend Antonin Madeline.

Trois opérations pilotes de la démarche BDBFC sont actuellement en place sur l’ensemble de la région. Il s’agit de la réhabilitation d’un ensemble de bâtiments composé d’une boulangerie et de logements communaux pour créer un tiers-lieu à Bretigny en Côte-d’Or, de la réhabilitation de l’ancienne école de Tramayes en Saône-et-Loire afin d’accueillir un institut d’enseignement supérieur en milieu rural sur l’économie social et solidaire, ainsi que de la refonte complète d’une crèche de 1.000 mètres carrés dans le quartier de Saint-Ferjeux à Besançon. « Grand Besançon Métropole et la ville de Besançon ont immédiatement adhéré à la démarche et ont souhaité faire partie des partenaires de Terragilis. Jean-Emmanuel Lafarge, élu en charge de la maîtrise d’énergie et du schéma directeur des écoles de la ville est ainsi le vice-président de notre association. »