Collectivités

Scani, la fibre ingénieuse et solidaire à l’Yonne

Numérique. Particulièrement active au centre de l’Yonne, la société coopérative d’intérêt collectif (Scic) déploie des solutions « alternatives » à celles des fournisseurs d’accès internet (FAI) classiques, en particulier dans les zones les plus rurales.

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Photo du bâtiment Adrien-Durant
Installée dans le bâtiment Adrien-Durant sur l’ancien site militaire jovinien, Scani doit enregistrer cette année un chiffre d’affaires, en progression, de l’ordre de 260.000 euros. (Crédit : JDP)

Il y a dix ans, les « activistes » de Scani (Société coopérative d’aménagement numérique icaunaise) aménageaient leur premier réseau wi-fi à Béon, près de Joigny, et jetaient les bases d’une infrastructure reproductible à l’envi. À cette époque, le réseau baptisé « Ruralité » était déployé par PC Light, une association qui a évolué vers le modèle coopératif en 2016 pour devenir un fournisseur d’accès internet (FAI) alternatif et local.

« Nous sommes principalement orientés vers les territoires où il n’y a pas, ou peu, de présence des gros opérateurs, c’est-à-dire dans les zones les plus rurales », souligne Alfred Urban, le président de la Scic. Aujourd’hui, Scani compte 918 membres, près d’un millier de connexions actives et s’impose comme le premier FAI non marchand de Bourgogne-Franche-Comté ainsi que l’un des plus investis sur le territoire national.

Tête pensante du réseau et référent technique, Bruno Spiquel se défend, cependant, d’une quelconque volonté « politique » d’accélérer l’aménagement d’un département à la traîne dans le domaine, même s’il a conscience de l’impact des actions menées. « Nous fournissons des solutions techniques, via le wi-fi ou la fibre optique. Notre rôle premier n’est pas de lutter contre la désertification du territoire même si nous savons que nous avons contribué à une dizaine de ventes immobilières. »

Apparentée à la fédération French Data Networkdans laquelle Scani est la seule à avoir adopté cette forme juridique, la structure installée à Joigny trouve son inspiration originelle dans le « monde du libre », qui promeut, notamment, la « neutralité du Net » et le respect de la correspondance privée. « L’objectif de Scani est d’apporter le débit et les services nécessaires à ses membres où qu’ils se situent. »

Des investissements limités

Basée sur le bénévolat et le volontariat, l’activité de la société coopérative séduit tant les particuliers à la recherche d’un accès internet optimisé, alternatif ou non, ainsi que les collectivités territoriales telle la ville de Joigny - 16,95 % du capital social est d’ailleurs détenu par des personnes publiques - et les entreprises. À Chailley, la société Duc a, par exemple, sollicité les techniciens icaunais pour déployer un second réseau, complémentaire, mobilisable en cas d’arrachage accidentel des fils par leurs véhicules.


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« Nous disposons de plusieurs solutions que nous adaptons à la situation précise du demandeur en fonction de son utilisation d’internet et de son positionnement géographique », explique Alan Taquet, technicien télécoms et unique salarié de la structure.

En s’appuyant sur les infrastructures d’Orange ou d’Altitude Infratitulaire de la délégation de service public (DSP) dans les zones démographiques les moins denses, l’opérateur icaunais peut ainsi déployer des réseaux, dont l’utilisateur devient de facto copropriétaire, grâce à des investissements modérés. Le coût de l’abonnement wi-fi ou fibre se montre, quant à lui, particulièrement compétitif puisqu’il est fixé au tarif unique de 30 euros par mois.

« Avec les autres membres de la fédération, nous réfléchissons à la création d’un opérateur téléphonique dont les services seraient accessibles via nos box », conclut Bruno Spiquel.