SNCF Réseau : 382 millions d’euros pour une année 2024 innovante
Transport. Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Dijon le 5 février, Maxime Chatard, directeur territorial SNCF Réseau Bourgogne Franche-Comté est revenu sur une année 2023 « riche » avant d’évoquer les grands enjeux 2024, avec le projet LGV+, qualifié de « première mondiale ».
Pour la traditionnelle conférence de presse de début d’année de SNCF Réseau BFC, son directeur territorial Maxime-Chatard a d’abord voulu revenir sur « de belles réussites de 2023, source de fierté ».
Il a ainsi évoqué la modernisation de la ligne Nevers-Dijon pour 137 millions d’euros cofinancés par l’État, la région BFC et SNCF Réseau. « C’est l’opération la plus importante de la région depuis la construction des Lignes à grande vitesse (LGV). Le délai des travaux a été respecté avec une première reprise des circulations le 23 décembre dernier sur la portion Nevers-Le Creusot et une reprise complète des circulations entre Nevers et Dijon prévue le samedi 17 février ».
Une réussite d’abord humaine
Viennent ensuite : la fin du chantier colossal sur la LGV Paris-Lyon, travaux de modernisation de plus de 300 millions d’euros sur quatre ans entre Vergigny (89) et Thoste (21) financés par SNCF Réseau, la réalisation de travaux en urgence qui a permis le maintien des circulations entre Paray-le-Monial et Gilly-sur-Loire (71). « Sans cette intervention, nous aurions été contraints de fermer la ligne en 2024 », la mise en sécurité sans délai de la paroi rocheuse de la côte de Morre (25) après un éboulement coupant la route départementale et la voie ferroviaire, l’expérimentation d’un dispositif d’effaroucheurs sonores à Thorey-en-Plaine (21) sur la ligne Dijon-Saint-Amour, « une première en France qui a pour objectif de diminuer les collisions avec la faune sauvage (148 incidents recensés et 638 trains impactés en 2023 en BFC, ce qui représente un coût annuel d’1,2 million d’euro à l’entreprise). Les premiers résultats sont encourageants avec aucun incident relevé dans cette zone depuis la mise en place, malgré la présence de nombreux sangliers », la réparation en 24 heures des câbles sectionnés sur la ligne Paris-Dijon et le confortement d’une partie des 4,1 kilomètres du tunnel de Blaisy-Bas sur la ligne historique Paris–Dijon, née il y a 175 ans.
Le directeur a souhaité par ailleurs insister sur le fait que « SNCF Réseau BFC est un acteur important et très actif de l’activité économique régionale, avec 67 % des entreprises locales qui accède à la commande publique, contre plutôt 30 % dans le reste de la France... Je veux aussi pointer le fait que le ferroviaire, ça commence d’abord par un réseau d’hommes et de femmes. Ce sont ainsi 3.600 agents qui œuvrent tout au long de l’année en Bourgogne Franche-Comté, de jour comme de nuit, par tous les temps, avec un engagement indéfectible. Je veux ici saluer la compétence, l’engagement et l’esprit de coopération des équipes de SNCF Réseau. Leur rôle essentiel dans la réalisation des travaux ne doit pas être sous-estimé, c’est grâce à leur savoir-faire que les projets se concrétisent avec succès ». Des projets justement, 2024 n’en manque pas.
Avec une enveloppe de 382 millions d’euros dont 123 millions d’euros cofinancés par l’État et la Région BFC, « Nous serons à nouveau au rendez-vous des enjeux de sécurité, de performance et d’innovations. Le réseau ferré français qui compte plus de 30.000 kilomètres de voies affiche une moyenne d’âge de 35 ans. À titre de comparaison, c’est 15 ans en moyenne en Allemagne pour 33.000 kilomètres de voies. En BFC, nous avons 3.000 kilomètres de lignes dont certaines portions, à l’image de la ligne des Horlogers (25), ont entre 70 et 80 ans d’existence. Il y a donc urgence à agir », a défendu Maxime-Chatard, évoquant 53,5 millions d’euros alloués en 2024 à la modernisation de la ligne des Horlogers entre Besançon et Morteau.
Une première à 820 millions
Mais ce qui devrait « marquer le plus les esprits dans le calendrier des travaux de cette année, c’est sans nul doute le projet innovant LGV+. Une première mondiale, qui consiste à l’installation sur la ligne à grande vitesse Paris-Marseille-Lyon d’un nouveau système de signalisation de type ERTMS (European Rail Trafic Management Système) permettant une augmentation de la capacité de près de 25 % sans nouvelle infrastructure ! ».
Ce projet, lancé en 2018, représente un investissement de près de 820 millions d’euros financés par SNCF Réseau et l’Union européenne (à hauteur de 120 millions d’euros). « Mise en circulation en 1982, l’année du minitel, cette ligne de 460 kilomètres transportait sept millions de visiteurs à l’époque, c’est 45 millions aujourd’hui avec 240 trains par jour, précise Olivier Borely, directeur du projet LGV+.
Il est donc indispensable de la moderniser. Aujourd’hui, la LGV ne peut accueillir que 13 trains par heure et par sens, ce qui ne suffit plus pour répondre aux demandes. L’idée, c’est de trouver une solution pour pouvoir mettre plus de trains sur cette ligne pour développer le trafic et faciliter l’arrivée de nouveaux opérateurs ferroviaires. L’Union européenne soutient ce projet dans le but de créer des corridors ferroviaires européens, favoriser la concurrence entre les compagnies ferroviaires pour que cela bénéficie à terme aux consommateurs. Pour réaliser cela, nous allons faire passer le système de signalisation et de contrôle commande d’une technologie analogique au numérique digital. C’est le rôle du système ERTMS.
Ce standard européen de gestion du trafic ferroviaire permet de mettre plus de trains sur la ligne en les rapprochant les uns des autres. Concrètement, nous allons pouvoir monter à 14 trains par heure et par sens dès 2025 et 16 par heure et par sens en 2030. Cette nouvelle infrastructure s’accompagnera de la modernisation de 58 postes d’aiguillage et de la construction d’un bâtiment à Lyon réunissant l’ensemble des équipes dédiées à la supervision de la ligne, grâce à la Commande centralisée de réseau (CCR). Après cinq ans de travaux invisibles pour les usagers, du samedi 9 au mardi 12 novembre, près de 1 000 personnes seront mobilisées en continu jour et nuit pour finaliser les dernières étapes de cette bascule technologique. La ligne sera arrêtée pendant quatre jours. Le passage des TGV sera réduit de trois quart et ils emprunteront de plus petites lignes ».
« Ce nouveau visage de la LGV va renforcer le report de la route vers le rail, qui est également un de nos objectifs s’inscrivant dans la lutte contre le changement climatique », ajoute Maxime-Chatard qui indique que sur cette thématique SNCF Réseau organisera le premier Forum « Climat et résilience face au dérèglement climatique » qui aura lieu en juin et dont « l’objectif consistera notamment à anticiper les transformations de notre environnement et identifier les actions à poursuivre pour nous adapter au mieux ».