Collectivités

Vincent Chauvet : « Gare au tropisme métropolitain dans le changement climatique »

Environnement. Représentant des élus de petites villes à la COP27, le maire d’Autun, Vincent Chauvet est à la fois fier d’avoir porté les petites communes et pessimiste sur la méthode.

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Vincent Chauvet
(Crédit : Vincent Chauvet)

Si c’est en sa qualité de représentant du Comité européen des régions (CER), une instance qui regroupe des élus locaux de toutes les régions d’Europe, que Vincent Chauvet s’est rendu à la COP 27 en novembre à Charm el-Cheikh, en Égypte, c’est en tant que porte-parole des petites villes d’Europe qu’il est finalement intervenu : « Nous étions deux élus français. Si je n’avais pas été là, seul Eric Piolle (maire écologiste de Grenoble, Ndlr) aurait représenté la France. Mais Grenoble est une grande ville et nous sommes politiquement différents ».

Une mauvaise méthode

Abandonné par les élus polonais - et notamment Rafal Trzaskowski, le maire de Varsovie, président conservateur du CER - après le tir de missiles sur Przewodów, Vincent Chauvet a donc été en charge de faire entendre la voix des « petits élus » mais aussi de la majorité présidentielle. Et son message a été clair : « On ne fait pas les choses dans le bon ordre. Actuellement, c’est l’Europe qui décide des mesures qu’elle transmet aux États qui ensuite appellent leurs collectivités à agir. Ça ne peut pas marcher ». Pour exemple, Vincent Chauvet cite les tramways et les arbres en ville : « On cite cela comme l’exemple de lutte contre le réchauffement climatique. À Autun, on voit tout de suite que ce n’est pas adapté ».


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Face à cette européanisation de la décision en matière de réchauffement climatique, le maire d’Autun prône la subsidiarité : « On a un gros débat avec Frans Timmermans (premier vice-président exécutif de la Commission européenne, Ndlr). Pour eux, c’est soit l’Union européenne, soit les États. Mais nous devons aboutir à un travail avec des collectivités. Aujourd’hui, le dialogue inter-étatique est bloqué au niveau climatique ». Pour témoin, Vincent Chauvet cite le Maroc : « C’est la première fois que les autorités locales d’un État fixent des actions plus ambitieuses que les États ».

Un manque de moyens humains

Dans un rapport rédigé pour le Comité européen des régions, Vincent Chauvet a notamment soulevé un autre problème : l’ingénierie. Pour lui, les collectivités sont en première ligne de la lutte contre le changement climatique parce que les élus connaissent leur territoire : « Je peux vous dire exactement de combien je peux réduire mon empreinte carbone à Autun d’ici à 2030 ». Et s’il appelle à recentrer la décision sur les territoires, il soulève un problème majeur - « plus que le financement » -, celui des compétences : « Ici, j’ai plusieurs projets bloqués parce que je ne parviens pas à recruter un ingénieur spécialisé dans les bâtiments en basse consommation », ajoutant : « ll ne faut pas qu’il y ait un tropisme métropolitain dans le changement climatique ». Alors quel avenir ? : « On y arrivera », martèle le premier magistrat d’Autun même s’il se dit « déçu » des différentes COP et pessimiste sur la prochaine qui se déroulera à Dubaï où les autorités construisent actuellement un golf sur le site même de la COP, en opalin désert : « La suivante sera en Europe de l’Est. C’est là que toute l’Europe doit être au rendez-vous. Il faudra débloquer les choses. Car pour le moment nous n’avançons pas d’un pouce ».