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Centrale de Financement : la protection des emprunteurs vire au fiasco

Financement. À Montchanin et au Creusot, la Centrale de Financement ferme ses portes face à un nombre trop important de dossiers de prêts refusés.

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Centrale de Financement : la protection des emprunteurs vire au fiasco
(Crédit : Pixabay)

À Montchanin et au Creusot, c’est par une affiche sur leur vitrine que Thomas et Nathalie Loiselet, à la tête depuis 2019 de la Centrale de financement, une société spécialisée dans le courtage (recherche de financements auprès des banques), ont annoncé mettre la clé sous la porte de leur entreprise qui a compté jusqu’à trois salariés. En cause, le refus de près de 70% des dossiers de financement, conséquence de la hausse exceptionnelle des taux bancaires, bien au-delà du taux d’usure.

Une protection qui vire à l’empêchement

Créé pour protéger les emprunteurs, le taux d’usure est le taux maximum légal que les établissements de crédit sont autorisés à pratiquer en cas de prêt bancaire. Fixé par la Banque de France chaque trimestre, son calcul repose sur la moyenne des taux du trimestre précédent, augmentée d’un tiers. Fixé par la Banque de France à 1,75% au début du mois de juillet, bien en deçà des taux pratiqués, cette protection à destination des emprunteurs est en passe de compromettre les investissements et de créer un tsunami sur le marché immobilier. Si la Banque de France a annoncé un relèvement au 1er octobre, le mal est fait. Le cocktail entre les particuliers qui ne peuvent plus emprunter et l’incertitude économique ambiante, met en danger jusqu’aux courtiers et aux banques.


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Le résultat est sans appel : à la mi-août, 45% des prêts immobiliers demandés par les 30-35 ans ont été refusés, les taux proposés, assurance emprunteur comprise, faisant exploser les taux souvent autour de 3%. Si des solutions existent comme l’externalisation de l’assurance emprunteur qui peut représenter une part importante du prêt, la situation reste préoccupante. Si le taux est en corrélation avec la durée de l’emprunt, les apports ou capacités financières ne permettent même plus de garantir l’acceptation d’un prêt. Ainsi, le CDI, les revenus importants et les apports ne sont même plus des garanties. Seules possibilités aujourd’hui, l’emprunt à court terme ou le taux variable… avec les avantages qu’il comporte en cas d’embellie financière mais aussi les risques non négligeables en cas de dégradation de la situation économique : un taux variable de 1 ou 2% peut considérablement alourdir les mensualités futures.

Les collectivités déjà aidées

Pour les collectivités, Bercy a accordé, début juillet un relèvement exceptionnel. En fixant le taux d’usure des collectivités à 2 ,83 % pour les prêts à taux fixe entre 10 et 20 ans, 3,03 % au-delà, 2,61 % pour les prêts à taux variable de plus de deux ans (contre 1,53 % le trimestre précédent), Bercy espère ainsi relancer l’investissement des collectivités. Pour les particuliers, si l’AFIB (Association française des intermédiaires en bancassurance espérait un coup de pouce exceptionnel au vu de la conjoncture, la Banque de France a été claire : un relèvement oui, un coup de pouce non.