Dijon Céréales investit dans les énergies renouvelables
Agriculture. D’ici 2028, Dijon Céréales pourrait répondre à 30% des besoins en gaz des habitants de la Côte-d’Or grâce à sa production de biogaz. Et la coopérative agricole ne compte pas s’arrêter là.
La coopérative agricole Dijon Céréales a tenu son assemblée générale mardi 13 décembre. L’occasion de dresser le bilan de l’activité 2021-2022 et d’évoquer les principaux dossiers notamment autour de l’agro-énergie et la production d’énergie renouvelable. « La campagne 2021-2022 s’est conclue sur une moisson plutôt belle en termes de tonnage : 894.308 tonnes, en hausse de 19,6% », indique Didier Lenoir, président du conseil d’administration de Dijon Céréales, avant de compléter que le prévisionnel pour la campagne 2022-2023 affiche un recul de 10 à 15%, « mais des prix bien supérieurs… donc un changement de paradigme important ». Sur 2021-2022, Dijon Céréales, fort de ses 3.431 adhérents et de ses 734 collaborateurs, a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 511,9 millions d’euros dont 390,4 millions d’euros pour la coopérative et a dégagé un résultat courant de 2,3 millions d’euros. « Au total, Dijon Céréales a pu investir 6,3 millions d’euros sur cette campagne, un chiffre important pour des investissements sur le terrain et sur l’outil », détaille-t-il.
Vers un retour de l’énergie locale agricole ?
Didier Lenoir l’affirme : « L’énergie est quelque chose qui nous motive énormément. L’énergie-culture est quelque chose sur laquelle nous sommes lancés à pleine vitesse, où nous souhaitons pouvoir projeter l’agriculture de notre département et l’activité agricole qui y est liée et que nous souhaitons soutenir et promouvoir ». Même si, pour son directeur général Christophe Richardot, « nous sommes simplement en train de revenir une centaine d’année auparavant où nous avions des moulins qui fonctionnaient avec de l’eau et du vent… Nous revenons à relocaliser notre production d’énergie sur nos territoires, mais avec les technologies actuelles et ce que nous octroient les moyens modernes ».
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Un virage économique qui aura un coup, quelque 95 millions d’euros pour le développement de la méthanisation et de l’ordre de deux à trois milliards d’euros investis sur les dix prochaines années par Dijon Céréales et les deux autres membres de l’Alliance BFC, ainsi qu’un consortium de co-investisseurs, en co-construction avec TotalÉnergies et Nature Energy (en cours d’acquisition par Shell), pour le développement de l’agrivoltaïsme. « En termes de projection, la méthanisation devrait rapporter un chiffre d’affaires compris entre 20 et 40 millions d’euros et l’agrivoltaïsme entre 200 et 250 millions d’euros de chiffre d’affaires », souligne Christophe Richardot.
De la méthanisation à l’agrivoltaïsme
« Produire de l’énergie est une vraie nécessité et c’est tout à fait compatible avec l’agriculture », rappelle Didier Lenoir. Actuellement, la coopérative qui s’implique dans la recherche et le développement compte déjà plusieurs démonstrateurs sur la partie agrivoltaïsme. « Nous avons, avec TSE, un site expérimental avec des panneaux photovoltaïques perchés à 5,5 mètres de haut et sous lesquels la production agricole continue, détaille Christophe Richardot. Notre objectif, avec TSE, est de développer cette technologie sur 1.500 hectares sur une dizaine d’années avec des paliers de développement et des grappes de 150 à 300 hectares par an. Cela devrait prendre huit ans et nous devrions commencer à produire d’ici trois ans ». Un autre projet est aussi en cours de développement avec TotalÉnergies sur des modèles de panneaux droits installés comme des haies espacées de 12 mètres et entre lesquelles l’exploitation agricole est possible. Concernant la production de biogaz, Dijon Céréales et un collectif de 150 agriculteurs fédérés ont lancé un projet dans le Chatillonnais.
« Nous avons démarré les travaux le 22 août et nous devrions produire du gaz à partir de février 2024 », explique le directeur général de Dijon Céréales. Le méthaniseur fonctionnera avec des cultures intermédiaires à vocation énergétique, du seigle qui sera implanté en septembre et récolté en mai, sur près de 15% de la surface des 150 exploitations, soit 5.000 hectares contractualisés sur un plan d’épandage de 30.000 : « la même surface recevra du seigle tous les six ans », traduit Christophe Richardot. Un projet qui devrait permettre de répondre à 15% des besoins résidentiels en Côte-d’Or dans un premier temps puis à 30% des besoins en gaz résidentiel des habitants du département après l’intégration d’un système de méthanation. Un autre projet plus petit est en cours de réflexion du côté de Genlis avec Engie et la coopérative ne cache pas son intérêt pour la microméthanisation qui pourrait permettre à chaque exploitation de répondre à ses propres besoins de manière vertueuse.