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Le mix énergétique mise sur l’agrivoltaïsme

Énergies. À Sainte-Croix-en-Bresse, le projet agrivoltaïque de six gigawatts porté par la société Unite se veut un exemple en termes d’indépendance énergétique et de lutte contre le réchauffement climatique.

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Photo du projet agrivoltaïque de Sainte-Croix-en-Bresse
(Crédit : DR)

Depuis le début de la guerre en Ukraine, jamais la France ne se sera tant interrogée sur son indépendance énergétique. En Saône-et-Loire, le projet agrivoltaïque de Sainte-Croix-en-Bresse porté par le groupe Unite illustre le tournant entamé par les opérateurs.

Jadis confronté à une mauvaise presse - fragilité des structures, origine des panneaux - le mix énergétique agriculture et solaire semble trouver un nouveau souffle : « C’est un bénéfice pour tout le monde. Pour la production énergétique, l’agriculture », explique Xavier Permingeat, directeur d’activité photovoltaïque chez Unite.

L’opérateur français installé à Lyon depuis 1985 (dont les actionnaires sont la famille Albanel et BPI France), initialement engagé dans l’hydroélectricité a changé son modèle : « L’hydroélectrique est trop compliqué, avec les lois sur l’eau et l’exigence d’installations coûteuses comme les passes à poisson. L’éolien est trop contraignant en termes de délais, d’oppositions ».

L’entreprise porte désormais 50 projets en pâturages bovins, grandes cultures ou élevage. Ce qui ne va pas sans contraintes, car derrière le solaire et l’agrivoltaïsme se pose la question des opportunismes.

Un encadrement est nécessaire selon Xavier Permingeat pour lutter contre les projets bancals : « Beaucoup d’opérateurs initient les projets mais ne les exploitent pas. De notre côté, nous sommes porteurs, fabricants et exploitants. Nous sommes donc nos propres clients et nous avons une exigence dans la construction qui fait aussi que nous évoluons rapidement dans le solaire ».

La filière représente aussi une opportunité pour des propriétaires - du fait de la rareté des terres adaptées, les loyers explosent et rendent les surfaces parfois plus rentables que le fermage - mais interrogé sur cette manne, Xavier Permingeat met les points sur les i : « Il y a beaucoup de conditions pour qu’un terrain puisse être retenu. Nous avons beaucoup de demandes, mais nous en retenons environ un sur dix. »

Dix fois plus de solaire d’ici à 2050

Le défi est de taille. La centrale agrivoltaïque de Sainte-Croix-en-Bresse et son investissement de six millions d’euros n’est qu’une pièce du mix énergétique ambitionné par la France, qui vise les 100 à 130 gigawatts à l’horizon 2050.

Les projections montrent que l’agrivoltaïsme n’occuperait dans cette perspective que 200.000 hectares de surface, soit 0,7 % du total des terres cultivées du territoire (28 millions d’hectares).

Pour Xavier Permingeat, l’objectif est « totalement possible, même si la loi d’accélération des ENR va encore compliquer la tâche. Il faut libérer le foncier agricole. La loi met des garde-fous mais elle propose de mettre des zones d’accélération mal nommées, où les communes vont devoir proposer des zones, faire des études, modifier un PLU ; on perd deux ans et demi s’il n’y a pas d’opposition ».


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Et si l’ambition des 100 Gigawatts est réalisable, encore faut-il que cette énergie soit compétitive : « Les opposants aux projets agrivoltaïques nous disent : installez-les sur des toitures. Oui, mais installer des panneaux sur des maisons et des bâtiments c’est bien mais ce sont des installations coûteuses. Le prix de l’électricité sera doublé et c’est le consommateur qui devra payer ».

Autre argument en faveur de l’agrivoltaïsme, les premières études montrent que ce modèle engendre un gain de productivité sur les surfaces recouvertes de panneaux : moins de prédation, une herbe qui pousse de façon plus constante, moins soumise à la chaleur, une activité agricole protégée de la grêle et des intempéries : « Notre premier projet en pisciculture a permis un gain de production de truites de 17%. Les panneaux réduisent le stress dû à la chaleur mais aussi aux prédateurs. »

Cette solution pourrait donc répondre aussi à l’enjeu du réchauffement climatique. À la clé : une production d’électricité locale, durable et compétitive sans dégrader l’activité agricole, qu’il s’agisse de culture ou d’élevage. Mais pour cela, Xavier Permingeat pose une condition : « Plutôt que de faire des lois, l’État doit mette plus de personnel pour le traitement des dossiers ».