Maroquinerie made in Lucenay-l’Evêque
Artisanat. Isabel Marin est artiste peintre, créatrice de sacs à mains et femme d’affaires ! Installée à Lucenay-L’Evêque, bourg rural de 314 habitants, elle a prouvé la validité de son modèle économique.
C’est en 2009 qu’Isabel Marin décide de poser ses pinceaux pour « s’amuser » à confectionner un sac à main de A à Z, très artisanal et « entièrement conçu en cuir recyclé et issu de matériaux de récup ». Quinze ans plus tard, elle est parvenue à créer toute une ligne de maroquinerie : sacs, tote-bag, besaces, accessoires divers et variés.
Une belle réussite et un défi économique : Isabel Marin, après quelques balbutiements, quelques apprentissages a fondé sa propre marque, Maison Marin. « Je voulais faire du made in France. De la qualité abordable. Des objets qui se patinent et qui durent dans le temps ». Isabel Marin fait mieux que du made in France : elle crée made in Lucenay-L’Évêque !
Créer en milieu rural
Isabel Marin est franco-espagnole. Elle est riche de cette double culture qui se ressent dans son travail. Qu’elle voyage en Espagne ou à Paris, elle revient toujours en Bourgogne. Longtemps installée à Autun, elle a choisi, en 2020, d’ouvrir son showroom dans le centre de Lucenay-L’Evêque. C’est là qu’elle présente sa ligne solaire et colorée, sobre et intemporelle à la fois, contemporaine, élégante et chic. On peut habiter à la campagne et vivre de sa passion.
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« Il faut arrêter de dire qu’à la campagne il ne se passe rien pour les créatifs et les créateurs. Il faut faire des choix, communiquer, travailler différemment, mais les chiffres sont là. » En 2022, au cours du dernier semestre, elle a imaginé huit nouveaux produits.
Ses clients, quant à eux, ont effectué 80% des pré-commandes via son site. Ils se sont aussi massivement déplacés de tous les coins de l’hexagone pour découvrir sa boutique. « Ils veulent me voir, comprendre ma démarche, choisir leur modèle, toucher le cuir et les sacs... Les achats in situ pour 2022 sont en hausse et mes ventes globales ont doublé l’année dernière et ce, malgré la crise sanitaire. C’est très important pour moi. Je suis vraiment fière de travailler dans ce village et d’être aussi active. »
Le prix de la qualité
Côté matières premières, Isabel Marin met l’accent sur l’exception. Elle travaille avec la Maison Fichet (Lyon), fournisseur en cuir depuis 1896 (Chanel, Hermès, Gucci…) qui lui permet de disposer de 90 gammes et de 3.500 couleurs. Elle travaille aussi le cuir de poisson, saumon et truite avec la maison lyonnaise Ictyos, tannerie de cuirs marins, qui lui propose une gamme écoresponsable avec des teintures sans chrome. Le reste est un défi économique !
Isabel ne négocie pas avec la qualité mais travailler en France a un coût. Comptez pour un sac unique moins de 300 euros et pour un porte-monnaie en cuir de poisson 200 euros. Des prix qui peuvent paraître élevés mais qui restent raisonnables comparés à ceux des marques de luxe qui travaillent les mêmes matières premières.
In fine, les pièces d’Isabel Marin lui ressemblent : vivantes, solaires, uniques en leur genre. Elles possèdent toutes ce petit grain de folie que ce soit dans le choix des teintes, de l’orange au bleu turquoise en passant par le vert ou le rose vif ou dans leurs formes, minimalistes ou imposantes, toujours ambitieuses.
Isabel ose tout. Elle s’amuse avec professionnalisme. Elle invente majoritairement des petites séries, ou des pièces uniques. Elle multiplie les partenariats avec les grandes maisons, à l’instar de la marque de collants Gerbe.
Elle crée aussi bien des tote-bags pour le Musée Rolin d’Autun que pour le Musée des arts décoratifs de Paris que ce dernier a plébiscité pour son talent et son sac « Sakura » (devenu culte). Pour 2023, elle déborde de projets, comme des ceintures pour homme en cuir de taureau... On la verra sûrement au Bon Marché Rive Gauche à Paris… Affaire à suivre !