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SNCF Réseau dévoile six nouveaux projets en faveur de la biodiversité sur la ligne TGV Rhin-Rhône

Nature. Dans le cahier des charges de la construction de la Ligne à grande vitesse (LGV) Rhin-Rhône, SNCF Réseau s’était engagée à financer des projets environnementaux. L’enveloppe allouée en 2011 n’avait pas été totalement épuisée. Ainsi, en 2023, de nouvelles actions portées par les associations régionales voient le jour.

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Photo de la présentation de quatre des six programmes environnementaux
Présentation de quatre des six programmes environnementaux retenus par l’appel à projet de SNCF Réseau à la Maison de l’environnement BFC à Besançon, en présence de Michel Neugnot, premier vice-président de la région BFC, de Marie Zéhaf, vice-présidente Transports et Mobilité de Grand Besançon Métropole, de Jérôme Grand, directeur territorial de SNCF Réseau, de Raphaël Krucien et Michel Vienet, conseillers départementaux du Doubs. (Crédit : Maison de l’environnement BFC.)

Dans le cadre de la construction de la LGV Rhin-Rhône, SNCF Réseau s’est engagée à financer des projets en faveur de la biodiversité et de l’écologie du paysage à hauteur de 4,57 millions d’euros. Ce programme a permis de financer plus de 110 projets depuis 2011.

Un budget de 650.000 euros restait à mobiliser. Afin de tenir ses engagements, SNCF Réseau a mis en œuvre un nouvel appel à projets en 2021 permettant de retenir six nouveaux dossiers portés par les différentes associations écologiques locales.

Petit tour d’horizon de quatre initiatives franc-comtoises qui ont été présentées à Besançon à la Maison de l’environnement de Bourgogne Franche-Comté. Les deux derniers programmes s’intéressent à la restauration du ruisseau de Vergetolle et à celle du milieu humide du lieu-dit Lorey, dans le Doubs.

Protection des habitats pour petite chouette et amphibiens

La Ligue de protection des oiseaux (LPO) Bourgogne Franche-Comté met en œuvre deux programmes baptisés : « Chevêche et vergers » et « Continuités écologiques en faveur des amphibiens ».

Photo d'une Chouette Chevêche d'Athéna
Chouette Chevêche d’Athéna. (Crédit : Samuel Maas.)

Le premier s’intéresse à la sauvegarde d’un petit rapace nocturne : « la chevêche d’Athéna ». Cette chouette est classée sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) avec le statut de vulnérable en Franche-Comté.

« Sa déclinaison locale est due à une régression et à une fragmentation de ses différents habitats, elles-mêmes liées à une expansion de l’urbanisation, à l’intensification des pratiques agricoles et à l’abandon des vergers », explique Ondine Dupuis, chargée d’étude à la LPO BFC.

Déclinaison locale d’un dispositif national, le programme financé par SNCF Réseau entend renforcer la présence de cet oiseau en agissant notamment sur le maintien des vergers existants et sur création de nouveaux en vu de reconnecter les différents lieux de vie de l’animal menacé.

« La chevêche d’Athéna affectionne les milieux semi-ouverts comme les prairies extensives, les vergers traditionnels et les haies et arbres isolés. Pour que la chouette, qui ne se déplace que sur six à sept kilomètres, s’installe et se développe, ces sites doivent être reliés entre eux. Notre programme comprend une dimension participative importante et mobilise de nombreux acteurs : particuliers, élus locaux, agriculteurs, entreprises, écoles, à qui nous faisons des dons de fruitiers et de plantes de haies adaptés à la chouette. Nous les accompagnons dans la gestion de ces plantations, notamment à travers de chantiers participatifs », développe Ondine Dupuis.

L’association fait également don de nichoirs spécifiques pour répondre à la problématique de l’obstruction des cavités dans le bâti lors de la rénovation des bâtiments.

« Nous avons déjà une quinzaine de particuliers, élus et particuliers, qui nous ont commandé une dizaine de nichoirs et une soixantaine de fruitiers, annonce la chargée d’étude. Cette action doit se poursuivre jusqu’en 2024 sur l’ensemble de la basse vallée de l’Ognon et dans le Nord Franche-Comté, deux secteurs traversés par la LGV. »


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Le second programme porté par la LPO BFC vise également à restaurer un réseau d’habitats. Les animaux qui y vivent sont cette fois des amphibiens et plus exactement trois espèces phares : la rainette verte, une grenouille en danger d’extinction et deux tritons classés comme vulnérables (le triton ponctué et le triton crêté). Déployé sur deux ans, ce dispositif couvre le nord du Jura et la basse et moyenne vallée de L’Ognon, dans un triangle reliant Dole, Gray et Besançon.

Photo d'une rainette verte
Rainette verte. (Crédit : LPO BFC.)

Il ambitionne d’améliorer la densité des populations d’amphibiens isolés par le morcellement des paysages liés à l’activité humaine en recréant une dynamique naturelle de circulation permettant à ces individus d’accéder à leurs zones de reproduction, de croissance, d’alimentation, de refuge...

« Rainette et triton ont deux modes de fonctionnement différents. Les premières se développent en métapopulation avec des populations sources et des populations puits dispersées sur plusieurs kilomètres, l’ensemble étant relié par un réseau de mares. A l’opposé, les tritons, moins résilients, présentent une faible dispersion et concentre la diversité d’habitats nécessaires à leur survie sur de petites zones géographiques », explique Thibault Cuenot, chargé d’étude herpétologue à la LPO BFC.

Le projet qui a démarré en mars doit permettre d’analyser les continuités écologiques existantes et leur articulation, de créer des partenariats avec les collectivités, agriculteurs et particuliers pour le maintien et l’entretien à long terme des milieux favorables aux amphibiens, le creusement de nouvelles mares, ou encore la création de haies et de ripisylves : espaces d’échanges entre les milieux terrestres et le milieu aquatique...

Une banque de graines pour préserver l’avenir de végétaux rares

Avec le soutien de SNCF réseau, le Conservatoire botanique national de Franche-Comté, Observatoire régional des invertébrés (CBNFC-ORI) initie les premières étapes d’un vaste programme de conservation de 16 espèces végétales en danger présentes dans les sous-bassins versants traversés par la LGV Rhin-Rhône.

Photo de semences pour conservation
Semences pour conservation. (Crédit : J. Amiotte-Suchet)

« Courant jusqu’en 2024, ce projet a pour but de renforcer certaines populations de plantes, aujourd’hui limitées à quelques stations, en constituant une banque de graines et de semences, afin de permettre, plus tard, des projets de restauration et réintroduction de ces espèces en milieu naturel », explique Emmanuelle Lehimas, informaticienne naturaliste au CBNFC-ORI.

Un tel objectif nécessite un important équipement de laboratoire et fait appel à un savoir-faire et des techniques rigoureuses, de la collecte des semences dans la nature à leur mise en congélation pour conserver leur viabilité à moyen et long terme, en passant par la réalisation de tests de germination à toutes les étapes du processus pour vérifier que les graines sont toujours en capacité de germer... Autant de prérequis indispensables rendus possible par l’apport en financement de SNCF Réseau.

Biodiversité autour des arbres et filière locale

Maxence Belle, chargé de mission biodiversité à France nature environnement (FNE) Bourgogne-Franche-Comté travaille depuis 2018 avec SNCF Réseau au travers d’un partenariat visant à une meilleure compréhension mutuelle des besoins et des enjeux de chacune des structures. « En ce comprenant mieux, on agit de manière plus intelligente, complète et plus durable », affirme Maxence Belle.

  • Plantation de haies
    Plantation de haies. (Crédit : JDP.)
  • Pose de nichoirs
    Pose de nichoirs. (Crédit : Christian Bailly.)

Aujourd’hui, c’est sur la mise en œuvre et la coordination du programme biodiversit’haies, lauréat du nouvel appel à projet lié à la LGV qu’il travaille. « Il s’agit de favoriser la biodiversité de nos territoires par la préservation, la restauration et la sensibilisation autour des éléments arborés. Nos actions se déclinent en quatre volets : les haies, les arbres têtards, les ripisylves, le castor, espèce marqueur de la biodiversité et la marque « Végétal local », développe Maxence Belle.

Créée par un collectif d’acteurs de l’environnement en réponse à un appel à projet du ministère de l’Écologie et déposée en janvier 2015 à l’Inpi, cette marque collective de l’Office français de la biodiversité vise à restaurer les écosystèmes en produisant des végétaux parfaitement adaptés à leur aire biogéographique, issus de la collecte de graines sauvages et locales.

« Chez nous, les semences sont prélevées sur le bassin Rhône Saône et Jura. La liste des végétaux susceptibles d’arborer la marque est validée par des scientifiques. Les règles de collecte et de production visent pour chaque lot de graines une diversité génétique élevée et une traçabilité fine. Dépulpées, les graines sont ensuite envoyées à des pépinières partenaires qui produisent des plants qui sont destinés à être replantés dans des haies et autres écosystèmes locaux. L’appel a projet de SNCF Réseau nous a permis de recruter une personne de plus pour consolider ce dispositif qui est l’un des plus dynamique de France ».