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Standing ovation pour une innovation thérapeutique révolutionnaire

Santé. De retour de l’Asco, le grand rendez-vous annuel mondial consacré au cancer, les médecins chercheurs du CGFL ont rapporté les dernières actualités dans le traitement du cancer.

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Standing ovation pour une innovation thérapeutique révolutionnaire
(Crédit : Pixabay)

Du 3 au 7 juin, le CGFL était à l’Asco, le grand rendez-vous annuel mondial consacré au cancer. De retour de Chicago, le professeur Charles Coutant, directeur général du centre régional de lutte contre le cancer, a fait le point, avec quatre de ses médecins chercheurs, sur les dernières actualités et les grandes annonces de cette édition 2022. « À l’issue de la session plénière présidentielle, il y a eu une standing ovation, ce qui est d’une rareté absolue dans un congrès médical ! », rapporte-t-il.

Une raison à cette liesse, les résultats d’une étude internationale multicentrique qui pourrait bien révolutionner le traitement d’une maladie qui tue chaque année neuf millions de personnes dans le monde. Pour le professeur Sylvain Ladoire, oncologue médical au Centre Georges-François Leclerc, « il s’agit là du prochain progrès incrémentiel en cancérologie ». Cette étude nommée Destiny-breast04 visait à comparer un anticorps drogue-conjugué à un traitement conventionnel par chimiothérapie du cancer du sein avancé. « L’étude s’est adressée à des patientes avec des cancers du sein métastatiques relativement avancés dans le traitement puisque résistantes à l’hormonothérapie et, déjà, à une ou deux lignes de chimiothérapie », explique Sylvain Ladoire.


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Le traitement en question – le Trastuzumab Deruxtecan – agit comme un cheval de Troie, détaille le professeur Ladoire : « Le Trastuzumab est un anticorps qui reconnaît une cible qui s’appelle HER2 à la surface des cellules cancéreuses. Quand l’anticorps se fixe sur la cellule tumorale, cette dernière l’avale et lui permet de libérer la molécule de chimiothérapie qu’il transportait et qu’on appellera Deruxtecan… C’est le plus gros progrès thérapeutique qu’on ait vu dans l’histoire du cancer du sein à ce stade de l’évolution puisque cela divise par deux le risque de progression de la maladie et ça diminue de 37% le risque de décéder de la maladie. »

Un traitement testé au CGFL

« L’accès à l’innovation précoce est un des grands objectifs du CGFL. L’année dernière, 33% de nos patientes ont été incluses à un moment donné dans un essai clinique. C’est exceptionnel. Nous avons actuellement à l’étude le Trastuzumab Deruxtecan chez des patientes à un stade localisé », complète le professeur Charles Coutant qui estime que les autorités réglementaires françaises devraient pouvoir l’autoriser d’ici à janvier 2023. Alors que deux autres essais sur des cancers du sein avec des anticorps drogue-conjugué ont été présentés, cette nouvelle innovation thérapeutique pourrait bientôt être développée pour une grande majorité de cancers. « Si l’anticorps drogue-conjugué ne fonctionne pas ou plus, souligne Sylvain Ladoire. Il suffit d’en faire un autre avec une cible et une chimio-clé différente. Tout cela est quasiment déclinable à l’infini ».