Yonne Équipement, le « Business Angels » de l’immobilier industriel
Industrie. Discrète de nature, la société d’économie mixte (Sem) agit depuis près de 30 ans pour l’aménagement du territoire en finançant la construction ou la réindustrialisation de bâtiments, comme à Champs-sur-Yonne où elle a développé une pépinière XXL sur la « friche Nicolas ».
Piloté jusqu’en 2015 et la promulgation de la « loi NOTRe » par le conseil départemental de l’Yonne, la société anonyme d’économie mixte imaginée, 20 ans plus tôt, par Henri de Raincourt - alors président de la collectivité territoriale - affiche un bilan aussi évocateur que méconnu.
Avec un capital social de 3,4 millions d’euros détenu à 74 % par un pack d’actionnaires publics dans lequel figurent, notamment, les 14 établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) du département, Yonne Équipement a investi depuis sa création plus de 80 millions d’euros dans la construction de 85 bâtiments industriels « sur mesure », soit 140.000 mètres-carrés déployés dans 34 communes.
« Cela représente environ deux millions d’euros de recettes fiscales par an pour les collectivités territoriales », précise Clarisse Martin, le directeur général de la structure et de l’association Yonne Développement, chargée de l’accompagnement et de la prospection économique, dont le président est Mahfoud Aomar.
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En développant la double compétence d’assistance à maîtrise d’ouvrage et de maître d’œuvre, l’équipe restreinte du centre d’affaires des Boutisses - six salariés seulement - s’est imposée de facto comme un interlocuteur privilégié, tant pour les entrepreneurs que pour les cabinets d’architecture. « Chaque porteur de projet que nous accompagnons connaît des problématiques qui lui sont propres. Nous élaborons donc des bâtiments aux seuls besoins de leur activité », explique Clarisse Martin.
Avec un avantage non négligeable : « C’est de n’avoir aucun endettement sur la partie immobilière, mais des charges locatives, et de profiter d’obtention de prêts, de la gestion des sinistres et de la possibilité d’acquérir le bâtiment via une option d’achat. » Une formule qui fonctionne puisque Yonne Équipement enregistre moins de 5 % de vacance immobilière.
Une réhabilitation salvatrice
Il y a cinq ans, la Sem présidée par François Boucher a ajouté une nouvelle corde à son arc en instruisant les dossiers de requalification de bâtiments industriels désaffectés ou sous-employés. Cette « réindustrialisation à destination » s’est traduite, récemment, dans la transformation des 22.000 mètres-carrés couverts et des neuf hectares du site de Nicolas à Champs-sur-Yonne en « pépinière XXL », pour lequel 2,6 millions d’euros ont été investis.
Dans le cadre d’une délicate négociation, les 50 salariés du bureau d’études et d’ingénierie de l’industriel allemand TII ont pu, par ailleurs, être conservés sur près de la moitié de la superficie. « Avec la crise de l’acier et des matières premières, l’entreprise connaît un retournement de situation et un accroissement de 20 % de l’activité rétrofit et remise à neuf des remorques hors gabarits. »
En parallèle, des travaux d’aménagement ont été diligentés pendant un an par l’acquéreur, en même temps qu’une recherche prospective qui s’est avérée fructueuse. Cinq entreprises se sont, d’ores et déjà, implantées dans le sud de l’Auxerrois, telles le Nantais Leco2, spécialisé dans la construction de bâtiments modulaires en bois, ou le transporteur SVB.
Les quatre hectares encore disponibles feront l’objet d’une prospection, dès l’an prochain. « Les projets exogènes au département nécessitent, généralement, une superficie de 5.000 à 10.000 mètres-carrés pour se développer. Ce sont des projets à hauteur d’homme qui apportent une productivité immédiate dans l’Yonne. »