Hommes et chiffres

Armink : le stylo innovant que les tatoueurs auront bientôt tous dans la peau

Innovation. Lauréat 2022 du Réseau Entreprendre Franche-Comté, Steven Kauffmann a inventé un outil à même de révolutionner la pratique du tatouage professionnel en améliorant significativement les conditions de travail des tatoueurs.

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Photo de Steven Kauffmann
Steven Kauffmann (Crédit : JDP)

Alsacien de naissance, Steven Kauffmann commence sa carrière professionnelle comme peintre en bâtiment, après avoir obtenu son diplôme chez les Compagnons du devoir. Mais ce “touche à tout”, passionné de tatouage, sportif et inventeur à ses heures ne se retrouve pas pleinement dans le cadre trop étroit du métier qu’il s’est choisi. Le destin va alors le prendre par la main pour l’emmener sur une tout autre voie.

« C’est le jour où je me suis fait tatouer le bras que ma vie a complètement changé, raconte Steven Kauffmann. Quand l’artiste qui œuvrait alors sur mon motif m’a lancé : "si tu te dis inventeur, alors invente-moi une machine à tatouer qui m’éviterait de recharger sans cesse mon aiguille en encre !" ».

Piqué au vif, il décide de relever le défi et cinq mois plus tard, un premier prototype fonctionnel voit le jour. « L’enjeu était de mettre fin à ce geste de recharge effectué toutes les minutes et qui représente pour la profession un vrai risque de Trouble musculo-squelettiques (TMS). J’ai donc imaginé un dispositif où l’aiguille à tatouer est alimentée en encre via un réservoir qui lui est directement intégré. »

« En plus de réduire les TMS, ma solution protégée par deux brevets dans 44 pays, procure un gain de temps de 25 à 30 % sur la réalisation d’un tatouage, tout en augmentant sensiblement le contrôle de l’hygiène. »

« Là où les aiguilles classiques permettent de réaliser entre deux à sept traits sur la peau avant rechargement, mon innovation offre plus d’une centaine de traits d’autonomie », défend l’inventeur qui a installé son entreprise, créée en 2020 et baptisée Armink, à Pontarlier, dans les murs de Dany Tattoo Studio, l’un de ses premiers clients.

Des débouchées multiples

Armink s’adresse principalement aux distributeurs d’équipement professionnel pour les tatoueurs. Le marché mondial (400 millions d’euros de chiffre d’affaires) est aujourd’hui composé de 15 principaux fabricants et distributeurs de matériel professionnel, dont un leader qui truste 50 % du marché.

Photo des produits Armink
(Crédit : JDP)

« Mon objectif à court terme est de capter a minima 8 % du marché mondial à partir de la deuxième ou troisième année. J’envisage de commencer mon développement en France pour ensuite me positionner en Suisse où j’ai déjà un premier partenariat, en Europe et aux États-Unis », explique Steven Kauffmann, qui a son arrivée en Franche-Comté s’est rapproché du Réseau Entreprendre.

« L’accompagnement par des chefs d’entreprise expérimentés et bénévoles, ainsi que l’appui de l’Agence économique régionale (AER), de la région et de Bpifrance m’ont notamment permis de lever, en un an, 750.000 euros de subventions et autres prêts d’honneur. Je suis actuellement en phase de pré-industrialisation de ma solution sur trois gammes d’aiguilles utilisées par les professionnels (liner, shader et magnum) », développe Steven Kauffmann.


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Pour la suite, l’inventeur ne manque pas d’ambition : « J’ai le souhait d’ouvrir mon innovation à d’autres marchés que celui du tatouage. Je travaille ainsi sur un stylo intégrant des cartouches de re-pigmentation de la peau avec des débouchées possible dans l’univers de l’esthétique et de la santé », précise-t-il.

La société Armink qui compte recruter six personnes prochainement et dix dans les deux ans à venir, prépare une levée de fonds de quatre millions d’euros pour notamment « ouvrir à Valdahon (25) une structure de MedTech visant à relocaliser sur le territoire une fabrication des aiguilles aujourd’hui essentiellement chinoise ».