Hommes et chiffres

Doit-on abandonner les sapins naturels ?

Environnement. Malgré la sécheresse historique, les plants de sapin ont mieux résisté qu’en 2003 ou 1976 et c’est une bonne nouvelle pour l’environnement.

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Doit-on abandonner les sapins naturels ?
(Crédit : JDP)

Avec la sécheresse inédite de cet été 2022, une question taraudait les esprits de tous les Français : devrons-nous recourir aux sapins artificiels ou le Morvan pourra-t-il fournir suffisamment de sapins pour accueillir les cadeaux cet hiver ? Pas de pénurie cette année, répond Frédéric Naudet, président de l’interprofession et directeur de la pépinière éponyme créée en 1876 : « La moitié des jeunes plants de l’année n’a pas résisté à la chaleur et au manque d’eau, mais ceux de 2021 ont survécu », explique t-il à nos confrères du Parisien.


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Mais si Noël 2022 est sauvée et que l’été aura été bien moins meurtrier que la canicule de 2003 ou même la sécheresse de 1976, c’est davantage la fréquence que l’intensité des « vagues » de chaleur qui interroge dans une décennie où vont se concentrer plan de reboisement - notamment après les incendies - mais aussi les études portées par l’ONF de « migration assistée des espèces » pour anticiper la composition des forêts dans trois ou quatre décennies. Plus clairement : trois étés à de telles chaleurs et la production de sapins, mais aussi de légumes ou de fruitiers, sera profondément remise en question, d’autant que les experts climatologues ont annoncé cette semaine que la Bourgogne Franche-Comté, l’Occitanie et l’Auvergne Rhône-Alpes seraient parmi les régions les plus exposées aux fortes chaleurs d’ici à 2050. Dans le Morvan, la survie des jeunes pousses est inégale : avec une résistance plus accrue dans les massifs en hauteur, les pépiniéristes envisagent donc de revoir leurs plantations et d’adapter leurs parcelles de culture.

Le désastre des sapins artificiels

Devant cette réalité climatique, faut-il alors se tourner vers le sapin artificiel au nom de l’environnement ? Que nenni ! Si les détracteurs arguent qu’il est ridicule de couper un arbre qui ne sera conservé que quelques semaines, une étude québécoise de 2009 a comparé le cycle de vie d’un sapin naturel transporté sur 150 kilomètres et d’un sapin artificiel fabriqué en Chine à partir de pétrole et conservé six ans en moyenne. Le résultat est sans appel : avec 3,1 kilogrammes de CO2 émis par le sapin naturel par an, sa capacité de recyclage et sa participation à la captation du CO2, il faudrait 20 ans à un sapin artificiel (8,2 kilogrammes de CO2 émis par an) pour atteindre un bilan carbone favorable. Pourtant, aujourd’hui, 16% des sapins vendus chaque année n’ont jamais senti la bonne odeur de la forêt…