Emploi et handicap : Cithy, l’éventail des possibles
Insertion. À l’occasion de son 30ème anniversaire et de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (Seeph), l’association a invité la conférencière Virginie Delalande, première avocate sourde profonde de naissance en France, mardi à Venoy.
Elle souffre de surdité et pourtant, Virginie Delalande est considérée comme l’une des 40 femmes « les plus influentes » par le magazine Forbes en 2022. En France, malgré une embellie sur le marché du travail et une législation incitative, une personne en situation de handicap présente deux fois plus de risques de se retrouver sans emploi qu’une personne valide. Depuis 1992, l’association Cithy (Comité d’insertion des travailleurs handicapés de l’Yonne) - délégataire du service public Cap Emploi, au même titre que Pôle emploi - œuvre, à la fois, pour l’accompagnement de ses bénéficiaires vers l’emploi et leur maintien en entreprise, mais aussi oriente les entrepreneurs « en vue d’une insertion durable en milieu ordinaire et à la pérennisation de l’insertion par un suivi régulier » des travailleurs souffrant d’un handicap.
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Si son action dans le domaine est connue et reconnue - en près de 30 ans, l’association icaunaise a aiguillé 6.000 employeurs dans 8.000 recrutements et aidé au maintien en entreprise de 2.000 salariés -, elle dispose, par ailleurs, d’autres leviers pour faciliter l’intégration professionnelle des personnes en situation de handicap. « Cap Emploi représente 80 % de notre activité au quotidien et de notre budget annuel (1,3 million d’euros environ) mais nous avons d’autres activités sur lesquelles nous devons mettre un coup de projecteur… », souligne David Sautereau, le directeur de la structure, en poste depuis deux ans.
Alternance, compétences et avis médical
Depuis le printemps dernier, Cithy propose aux personnes en situation de handicap un accompagnement vers la formation professionnelle, financé par l’Agefiph (Association nationale de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées). Autrefois portée par la chambre de métiers et de l’artisanat, la Pava (prestation d’accompagnement vers l’alternance) oriente les demandeurs vers un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation. « Nous nous assurons, notamment, de la sécurisation des parcours tant dans l’entreprise que dans l’organisme de formation et effectuons la recherche de financements. En quelques mois, nous comptons déjà une vingtaine d’alternants dans le département. Nous nous sommes rapprochés de l’Éducation nationale pour aider, par exemple, les élèves atteints de « troubles dys » à suivre un parcours de formation adapté. »
En partenariat avec Cheops (Conseil national handicap et emploi des organismes de placement spécialisés) Bourgogne-Franche-Comté, l’association icaunaise mène, en parallèle, un programme expérimental baptisé « l’H’activateur de compétences » qui a pour objectif d’imaginer des méthodes et des moyens visant à « rapprocher les personnes handicapées les plus éloignées de l’emploi, sur la base du volontariat, à accéder à une formation ou à un travail » grâce à des ateliers sur mesure. Cithy a, par ailleurs, décliné au niveau départemental le dispositif Pac (Prestation d’analyse de capacités) qui permet à un demandeur d’emploi de bénéficier d’un diagnostic médical sur son employabilité dans le cadre de nouvelles fonctions. « Le thème de la qualité de vie est central. Les entreprises disposent aujourd’hui de leviers mobilisables, entre autres pour le maintien à l’emploi, que bien souvent elles ignorent et se privent ainsi de compétences. »