Hommes et chiffres

Japy Tech : du lait, de l’innovation et une présidente

Agrotech. Le fabricant de solutions de refroidissement et de transport du lait basé à Saint-Apollinaire vient de reconquérir son indépendance en s’émancipant de son actionnaire Mutares.

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  • Philippe Breiss et Marie-Guite Dufay
    Philippe Breiss et Marie-Guite Dufay : le rachat par sa direction de Japy Tech au groupe Mutares est un bel exemple de « reconquête de souveraineté » selon la formule de la présidente de la région BFC. (Crédit : JDP)
  • Japy Tech
    Japy Tech possède une expertise en chaudronnerie et en refroidissement du lait reconnue à l’échelle internationale : 85% de son marché se fait à l’export. (Crédit : JDP)

Jeudi 12 janvier, la présidente de région Marie-Guite Dufay était en visite à l’entreprise Japy Tech : basée à Saint-Apollinaire, cette société dont l’origine remonte à 1920 conçoit et fabrique des tanks à lait et des solutions de refroidissement du lait directement sur les exploitations.

Japy Tech vend 85% de ses produits à l’export dans plus de 50 pays à travers le monde et affiche un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros en 2022. Japy Tech emploie 135 salariés comprenant une équipe R&D de dix personnes.

L’occasion pour la présidente de saluer un « magnifique récit industriel ». Il est vrai que l’entreprise est remarquable tant dans ses process que dans ses perspectives d’innovation et de croissance. 88% des pièces chaudronnées des différentes gammes (de la cuve de 320 litres au tank de 40.000 litres) est réalisé sur le site de production de 26.000 mètres carrés, avec une expertise unique dans les méthodes de soudure notamment et un modèle breveté d’évaporateur qui permet le contrôle de la température du lait.


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Une performance que souligne Philippe Breiss (ex-Valeo), directeur général de Japy Tech depuis deux ans : « Notre ambition est d’améliorer encore nos produits premium et d’aller vers une offre de services pour nos clients. En s’appuyant sur notre propre département R&D, Japy Tech propose au marché des innovations mettant la technologie au service d’une meilleure chaîne du froid pour le lait : les tanks connectés qui permettent la transmission de données à l’utilisateur (système I cool connect), leur prise en main à distance par le réparateur et le management d’un parc complet de cuves pour optimiser la collecte et passer d’une collecte statique à une collecte dynamique et les tanks de seconde main (baptisés Möbius) rénovés et équipés des toutes dernières technologies Japy Tech. C’est avec fierté que je reprends cette entreprise dont l’expertise en chaudronnerie inox et refroidissement du lait est reconnue dans le monde entier. »

« Reconquête de souveraineté »

La visite de la présidente de la région BFC intervient en effet alors que Japy Tech vient d’être racheté par Philippe Breiss au fonds Mutares, société d’investissement privé cotée en bourse qui achète des PME européennes présentant un potentiel d’amélioration et les revend après un « processus de repositionnement et de stabilisation » ; un rachat qualifié par Marie-Guite Dufay de « reconquête de souveraineté. »

Le directeur général de Japy Tech a été soutenu dans cette reprise par UI Investissement, qui investit dans des PME et ETI en croissance pour accroître leur développement. « Philippe Breiss reste le dirigeant majoritaire et nous sommes venus en appui avec le fonds d’investissement régional Défi 3 (qui rassemble plusieurs acteurs publics et privés, NDLR), outil de renforcement des fonds propres et de l’ancrage des PME qui n’aurait jamais pu voir le jour sans le soutien actif de la région, le sponsor principal du fonds », précise Bénédicte de Chevigny, directrice associée chez UI Investissement.

Un savoir-faire de haute qualité

Elle vante également « le très beau savoir-faire dans les groupes froid et le positionnement haut de gamme, la production en interne sur le site et 85% des ventes à l’international » de Japy Tech.

Quant aux relais de croissance, ils sont doubles, estime encore Bénédicte de Chevigny et passent par : « un renforcement du développement en France et en Europe du sud, où paradoxalement elle est moins présente, et le lancement de nouveaux produits : tanks connectés et rétrofit de cuves existantes. » Ticket compris, le montant de l’investissement d’UI dans cette reprise est chiffré « entre un et deux millions d’euros ».