Hommes et chiffres

Paul-Antoine de Carville, maire de la ville de Sens : « Nous allons appliquer le programme pour lequel nous avons été élus »

Economie. Paul-Antoine de Carville a été désigné maire de la ville de Sens en octobre dernier. Il fait partie de la nouvelle vague de responsables politiques qui émerge du département de l’Yonne.

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Paul-Antoine de Carville
Propulsé à la tête de la mairie de Sens à la suite de circonstances tragiques, Paul-Antoine de Carville souhaite poursuivre le travail accompli par Marie-Louise Fort, tout en imprimant sa propre marque de fabrique. Décomplexée et innovante. (Crédit : Ville de Sens)

Le Journal du palais : Quel regard portez-vous sur l’attractivité économique de la ville ?

Paul-Antoine de Carville : Aujourd’hui, nous ne raisonnons plus à la seule échelle de Sens mais à celle de l’agglomération tout entière. Le territoire sénonais est constitué d’un bassin industriel important qui représente près de 70 % des emplois alors que, par exemple, l’activité agricole est moins présente.

Nous souhaitons continuer à accompagner le développement de ces industries, dont certaines comme Charot, représentent des poids lourds dans leur secteur, car elles constituent des activités solides et proposent des emplois pérennes. En parallèle, nous souhaitons imaginer de nouveaux services à une population qui vieillit, que ce soit dans le domaine des services à la personne, de l’alimentation ou du sport adapté.

La proximité immédiate de la région parisienne fait que Sens occupe une place à part dans le département de l’Yonne. Quels bénéfices supplémentaires souhaitez-vous tirer de cette position géographique préférentielle ?

Chaque jour, 4.000 à 5.000 personnes vont travailler à Paris. Nous devons faire en sorte qu’une partie de ces salariés, et notamment les cadres, investissent et créent des entreprises sur notre territoire, sans pour autant se couper totalement de l’activité de la capitale. À la suite de la crise sanitaire, la pratique du télétravail s’est beaucoup développée dans le Sénonais. Nous devons amplifier cette dynamique mais pour cela il faut que la ville de Sens soit clairement identifiée, ce qui n’est pas toujours le cas aujourd’hui.


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Cela passe, notamment, par l’activité touristique, la transformation du centre-ville, le « plan façades » qui commence à obtenir quelques résultats et la création d’une offre de qualité pour les courts séjours. Nous devons aussi renforcer les services de base comme la garde d’enfants, la pratique sportive ou la culture. Il faut que les gens qui viennent à Sens se sentent « chouchoutés » et projettent de s’y installer, d’autant que le prix du mètre-carré y est bien plus abordable qu’en Île-de-France.

La ville de Sens est indissociable de sa gare ferroviaire, néanmoins il existe des problèmes récurrents sur la ligne en direction de Paris. Quelle marge de manœuvre avez-vous à votre disposition ?

Nous sommes la deuxième gare de Bourgogne-Franche-Comté avec près d’un million de voyageurs par an mais nous sommes surtout les grands oubliés de la politique ferroviaire régionale. Nous connaissons des problèmes importants de capacité des trains sous-dimensionnée. Nous avons mis la pression sur le conseil régional pour qu’il réagisse. Nous souhaitons aussi qu’une réflexion soit menée sur la politique tarifaire de la région pour que le prix de l’abonnement des navetteurs soit plus adapté à la situation actuelle avec de nombreuses personnes qui ne travaillent plus que deux ou trois jours à Paris.

Quels sont les grands projets que vous allez conduire jusqu’à la fin de votre mandat ?

Nous allons appliquer le programme pour lequel nous avons été élus avec Marie-Louise Fort qui est composé de 41 engagements. Nous allons poursuivre la réhabilitation du Clos-le-Roi et des entrées de ville comme celle de la rue de Paris, travailler sur le cœur de ville en imaginant une circulation mixte où la voiture a le droit de citer mais doit occuper une place moins importante, œuvrer à la requalification des boulevards jusqu’au quai de l’Yonne avec une végétalisation des espaces ou encore poursuivre la modernisation des équipements publics. Nous restons aussi très attentifs aux opportunités d’installation dans la zone d’activité des Vauguillettes pour laquelle des discussions sont en cours.

Vous avez forcément une approche différente de la communication et du marketing territorial que votre prédécesseur. Pouvez-vous nous livrer votre réflexion ?

Je fais partie de la génération du digital et des réseaux sociaux mais je suis convaincu que Marie-Louise Fort aurait, à mon âge, utilisé les mêmes canaux. (Paul-Antoine de Carville dirige, par ailleurs, la start-up Le Parapheur, qui propose un outil numérique de dématérialisation des actes administratifs à destination des collectivités territoriales.)

Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous contenter de poser des affiches dans les couloirs du métro parisien, même si nous avons été parmi les premiers à avoir enclenché cette démarche. Nous devons accentuer notre présence sur les réseaux sociaux et, encore plus, sur les « médias partenaires ».

Nous avons commencé de travailler sur des axes de marketing territorial et mené une réflexion sur des « budgets acquisition » de campagne marketing comme, par exemple les « séjours marketés » avec GroupOn. Ce ne sont pas encore des pratiques très répandues dans les collectivités territoriales mais je suis convaincu que dans un futur proche cela va le devenir. Nous sommes à 45 minutes des vignobles chablisiens et à un peu plus d’une heure de Guédelon. Nous offrons une porte d’entrée sur le territoire bourguignon et proposons un cadre de vie tout autre que les villes du sud de la Seine-et-Marne, par exemple.