La quête de sens est certainement ce qui a rythmé la carrière et plus largement la vie de Yannick Paris. Un challenge réussi pour ce chef d’entreprise dont les engagements sont nombreux et sans faille. Faire cohabiter et mettre en relation deux mondes totalement différents, c’est ce qui l’anime depuis sa plus tendre enfance.
« Je suis originaire d’un petit village à la frontière entre la Haute-Saône et la Côte-d’Or, une des plus petites communes rurales du canton de Mirebeau-sur-Bèze qui comptait, à l’époque de mon enfance, 70 habitants et qui attirait, chaque vacance beaucoup de Parisiens, raconte-t-il. Étant fils de paysans, dernier d’une fratrie de deux frères et une sœur, j’avais remarqué une forme de différence de comportement, d’apparence et de façon de vivre qui conduisait parfois à rendre assez difficile la cohabitation et l’intégration des jeunes parisiens dans nos cercles d’amis, et j’ai toujours eu à cœur d’être l’ambassadeur… J’étais attiré par leur monde qui n’était pas le mien tout en revendiquant le fait que je venais du monde rural ». Ce rôle d’entremise, Yannick Paris tâchera de le retrouver dès le début de sa carrière professionnelle.
Démystifier le CEA
S’il aurait pu rester travailler avec ses parents, c’est finalement un de ses frères qui a repris l’exploitation familiale spécialisée dans l’élevage laitier. « Mon père était quelqu’un de très innovant et ouvert sur le monde. Il a été un des premiers à utiliser des technologies pour améliorer la nutrition des vaches en faisant individuellement un calcul de leurs besoins avec un contrôleur laitier. L’exploitation a même été la première ferme expérimentale en Côte-d’Or à équiper ses vaches d’un système de collier à puce pour individualiser les rations. Mais c’était un métier très difficile, et j’ai préféré prendre le parti de faire des études dans le commerce », confie-t-il.
Lycéen à Montchapet, c’est finalement au Castel qu’il prendra sa revanche sur ses premières années compliquées en passant un baccalauréat dans le management et la gestion, après avoir redoublé deux fois sa première scientifique. Une prépa HEC lui ouvrira les portes de l’école de commerce dijonnaise qui le propulsera au Centre d’essai atomique : « J’ai fait mon stage de fin d’études à Valduc sur une mission de diffusion technologique au profit des PME. »
À l’issue de son stage de six mois, le jeune diplômé décroche l’opportunité de rester au sein du CEA en intérim aux achats. « J’ai tout de suite vu l’intérêt des achats publics qui étaient au carrefour de nombreuses disciplines telles que le droit, l’économie, le contrôle de gestion ou encore la stratégie, se souvient-il. Ça m’a passionné et j’ai pu, avant la fin de mon contrat, décrocher un poste au CEA Cadarache, dans le sud de la France où j’ai notamment été amené à travailler dans le domaine de la propulsion nucléaire navale ».
Secret défense oblige, il n’en dira pas plus et préfèrera poursuivre sur son évolution professionnelle au sein du CEA. Promu chef de bureau puis adjoint au chef de service, il reviendra finalement au CEA Valduc au bout de cinq ans pour prendre la direction des achats du site.
Une quête de sens
« Un an après mon retour à Valduc, mon frère de dix ans mon aîné est décédé à l’âge de 40 ans, après avoir bossé comme un fou. Cet évènement m’a amené à beaucoup m’interroger sur le sens de ma vie professionnelle et de ma vie dans son ensemble, révèle Yannick Paris. J’ai cherché à faire quelque chose qui me permettrait d’en voir l’impact, ce que j’avais plus de mal à mesurer au CEA. Ça me manquait de voir la moisson de ce qu’on pouvait planter ».
« Quand mon frère est décédé, je me suis mis en quête de donner un sens à ma vie. Je voulais faire quelque chose qui me permettait d’en voir l’impact. »
Il participera alors à développer des actions avec la Chambre de commerce et d’industrie pour promouvoir l’accès des PME aux marchés du CEA : « Comme j’étais un maître d’ouvrage assez important et qui pouvait parfois faire peur, j’ai été très rapidement séduit par l’idée de montrer aux PME qu’il était possible de travailler avec nous. »
Finalement, de cette quête de sens et de sa réflexion autour du bon achat public, Yannick Paris proposera à son ancien chef de service de Cadarache, Lucien Lagaye, de s’associer avec lui pour créer LPME : « Je suis convaincu qu’on a beaucoup à gagner à ce que ces deux mondes qui se côtoient mais que se connaissent et se comprennent mal, à savoir le donneur d’ordre public et l’entreprise privée, jouent des synergies. Un plus un ne doit pas faire deux, mais trois ! ».
Depuis maintenant deux ans, ce chef d’entreprise qui est aussi juge consulaire auprès du tribunal de commerce et membre du bureau du pôle de compétitivité Nuclear Valley a décroché pour LPME le statut de société à mission et vient même d’inventer le métier de straticien des marchés publics pour mieux définir son travail et celui de ses collaborateurs. Et lorsqu’il n’est pas derrière son bureau, ce passionné de sport mécanique anime l’association qu’il a créé il y a maintenant plus de 15 ans pour permettre à des amateurs comme lui d’assister à des courses et côtoyer des pilotes de moto professionnels.