Politique

Le Grand Débat / Le Talk : la prison au cœur des discussions

Débat. Pour le premier numéro de l’année 2023 du Grand débat du Talk, Vincent Harbulot recevait le représentant de la Nupes Antoine Peillon, le maire LR de Chalon-sur-Saône Gilles Platret, le capitaine de gendarmerie Hervé Moreau et les avocats pénalistes Nathan Pascaud-Klepping et Randall Schwerdorffer.

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Le Talk
De gauche à droite, Antoine Peillon (Nupes), les avocats pénalistes Nathan Pascaud-Klepping et Randall Schwerdorffer, Gilles Platret (LR) et le capitaine de gendarmerie Hervé Moreau étaient les invités de Vincent Harbulot. (Crédit : JDP)

Prisons, quel constat derrière les barreaux ?

« Les prisons font toujours beaucoup parler d’elles. Entre ceux qui souhaitent relancer les constructions d’établissements pénitentiaires, ceux qui dénoncent la surpopulation carcérale, ou encore ceux qui souhaitent davantage de personnel pour encadrer des détenus que d’autres ne voudraient jamais voir ressortir. »

Tel était le thème du premier Grand Débat du Talk de l’année 2023 introduit par Vincent Harbulot. Lancés sur les images tournées à Fresnes, dans la banlieue sud de Paris, cet été, les cinq invités ont été invités à réagir. « Je trouve cela sordide, tout simplement. Ce sont des sujets tellement importants, les aborder par ces angles est une déchéance pour le débat public », a tout d’abord expliqué le représentant de la Nupes en Côte-d’Or Antoine Peillon.

Il n’en a pas fallu plus pour que l’édile républicain de Saône-et-Loire Gilles Platret n’intervienne : « Pourquoi ces images ont été choquantes ? J’ai surtout vu des victimes qui regardaient et qui devaient penser quoi des détenus qui s’amusaient… N’oublions pas que derrière un détenu, il y a toujours une ou plusieurs victimes ».

Un manque sur le travail d’insertion ?

Invités eux aussi à apporter leur regard en leur qualité d’avocats pénalistes habitués à fréquenter ces établissements, Nathan Pascaud-Klepping a trouvé ces images « trop ostentatoires et trop festives », tandis que Randall Schwerdorffer, de rappeler que « le but d’une incarcération est bien sûr une punition et que derrière il faut une compréhension du passage à l’acte pour éviter la récidive et la réitération » tout en nuançant que « derrière tout ça, le travail qui doit être fait en maison d’arrêt aujourd’hui et qui n’est absolument pas fait en France est le travail d’insertion […] et l’extériorisation vers les entreprises qui ont besoin de main d’œuvre et qui pourraient permettre aux détenus de travailler et de se réinsérer plus tard dans la société », ne s’est finalement avoué « pas tant choqué que ça par les images qu’on a vu à Fresnes ».


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Pour aborder la question de la réinsertion et rebondir sur ce qui a auparavant été dit, le capitaine de Gendarmerie Hervé Moreau rappellera quant à lui nombre de chiffres de la délinquance qui le mèneront à conclure : « à peine un [délinquant] sur 30 sera incarcéré [et] ceux qui sont en détention ont commis les actes les plus graves […] alors oui la réinsertion bien sûr, sachant que la plupart d’entre eux seront récidivistes ». Si le représentant de la Nupes pointe une faillite du système pénitentiaire « du point de vue de sa mission première qu’est la réinsertion », l’élu LR rappellera lui que « le rôle premier de la prison n’est pas la réinsertion mais d’abord de retirer de la société quelqu’un qui la menace ».

Une problématique de financement ?

« Je pense aujourd’hui qu’une décentralisation, une gestion au plus près, locale et au cas par cas, par les collectivités et en intégrant le privé dans l’optimisation des maisons d’arrêt et des détenus permettrait aussi d’assumer quelque chose qui est fondamental : le financement », estime Randall Schwerdorffer, interrogé sur un déficit de 100.000 places de prison en France. Si pour Gilles Platret « la délégation de service public peut s’entrevoir », la privatisation lui pose tout de même problème : « Nous sommes dans le cadre d’une mission régalienne qui doit être appliquée uniformément sur tout le territoire. Je ne voudrais pas qu’au nom d’enjeux politiques, on ait des politiques pénales ou pénitentiaires qui soient différenciées selon les territoires ». L’avocat pénaliste Randall Schwerdorffer évoque même un retour des peines dites « électrochoc » de très courtes durées.

Lien de la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=VyhG6Mazu9o