Dans la série Vive le monde globalisé et les accords commerciaux inégaux, qui voici qui voilà ? Le Mercosur ! Le marché commun du Sud regroupant autour du Brésil et de l’Argentine d’autres pays d’Amérique du Sud trépigne d’impatience de voir signé son accord d’échange commercial avec l’Union européenne, que l’on pourrait résumer comme suit vu depuis le Vieux Continent : « achète-moi mes Mercedes et je laisserai entrer ta viande ». Le texte dont le protocole d’accord date de 1999 prévoit en effet l’exportation vers l’Amérique du Sud de produits industriels (automobile donc, mais aussi provenant de la chimie ou du secteur pharmaceutique) contre des droits de douanes effacés ou ridicules sur des quotas supplémentaires de viande bovine, de volaille, ou encore de sucre. Dans un pays, la France, où l’agriculture bat de l’aile, autant vous dire que le projet ne passe pas. Ce lundi 18 novembre, la FDSEA et les JA de Côte-d’Or organisent d’ailleurs un « feu de la colère » pour manifester leur mécontentement (lire aussi).
De droite comme de gauche, les syndicats agricoles sont d’ailleurs unanimes à dénoncer un texte désastreux pour les filières françaises, non seulement sur le plan financier, mais aussi pour ses conséquences sur la santé publique, l’agriculture sud-américaine ne s’embarrassant pas de nos pudeurs quant aux substances cancérigènes, et sur l’environnement, puisque ces troupeaux supplémentaires signifieront des milliers d’hectares de forêts arrachés. L’Allemagne et l’Espagne poussent pour que l’accord soit signé au plus vite, la France freine des quatre fers... Mais les mécanismes de vote européens laissent peu de chances de voir cette bronca aboutir. Le feu de la colère sera probablement un feu de paille et il est à craindre que dans quelques mois, les plus pauvres achèteront sans le savoir des bombes à retardement pour nourrir leurs familles, provoquant aussi et sans l’avoir voulu, la destruction d’écosystèmes essentiels à notre survie.