Humeur

Terrain d’entente

Lecture 3 min
Emmanuelle de Jesus.

Bravant les intempéries, la vigilance orange et les retards de train, Laurent Saint-Martin, le ministre du Budget et des Comptes publics, était vendredi 22 novembre à Dijon, où il a visité l’Urssaf Bourgogne et la direction régionale des douanes. Entre autres découvertes, Laurent Saint-Martin a pu assister en direct live à une démonstration de ciblage, par un inspecteur de la lutte contre le travail illégal, d’une entreprise dont le montage, les multiples déclarations sociales, la présence d’un même individu dans une myriade de sociétés sous des statuts divers, la connaissance d’un ancien redressement et autres joyeusetés prédisposaient ladite entreprise à être repérée par l’IA qui a droit de cité administratif au sein des services. « Il va se passer quoi pour celle-ci ? », s’enquiert le ministre. « Oh, très sûrement un contrôle », lui répond, la mine gourmande, un responsable du recouvrement. J’imagine les tergiversations entre les services pour trouver la perle rare, la quintessence du candidat au contrôle, la planche la plus pourrie possible, histoire d’en mettre plein les yeux au ministre qui, impressionné mais néanmoins membre du gouvernement (et donc susceptible, si une motion de censure n’est pas venue d’ici là, de garder son bureau à Bercy) poursuit : « Et qu’est-ce que vous voudriez pour améliorer encore le service ? » Alors là. Melchior, Gaspard et Balthazar auraient fait une apparition dans la pièce que l’enthousiasme n’aurait pas été plus intense, alors qu’en choeur, on lui répondait que croiser les leviers fiscal et social mettrait des données dans l’IA et donc de l’huile dans les rouages.

« Une piste de réforme », conclut Laurent Saint-Martin qui, de toute évidence, n’a pas envie d’une motion de censure pour son Noël. On le comprend. On comprend aussi pourquoi, dans ce contexte plus que tendu (lire article), il s’échappe sur le terrain dès qu’il le peut, intempéries ou pas. Et on se dit qu’une tempête de neige, et un train en retard, ce n’est finalement pas grand-chose pour qui est assis sur un siège éjectable et se mange les vociférations de l’Assemblée nationale depuis des semaines...