Collectivités

Formation : préparer les talents H₂ de demain

Dossier hydrogène. La Bourgogne Franche-Comté offre diverses formations spécialisées pour répondre à la demande croissante en compétences dans le domaine.

Lecture 11 min
Photo du pôle de formation 58-89
(Crédit : UIMM)

Si l’histoire de l’hydrogène commence à Belfort par les travaux sur les systèmes de piles à combustible réalisés par les acteurs de la fédération de recherche FC Lab (devenue USR FC Lab), associés au CNRS, c’est aussi sur ce territoire qu’existe depuis 2014, le CMI Hydrogène Énergie et Efficacité Énergétique (H3E).

Proposé par l’université de Franche-Comté sur le site de l’UFR STGI de Belfort Montbéliard cette formation d’excellence, sélective et exigeante, se déroule sur cinq ans et forme aux métiers d’ingénieur en production et gestion de l’énergie, des étudiants qui seront des experts dans les domaines de l’efficacité énergétique et des énergies propres, avec une compétence particulière en matière d’hydrogène-énergie (production, applications transport et stationnaire...).

Plus récemment, divers licences et masters spécialisés ont vu le jour aussi bien à l’UTBM de Belfort-Montbéliard, qu’à Supmicrotech- Ensmm de Besançon, au campus Arts & Métiers de Cluny, à l’université de Bourgogne, l’ISAT de Nevers, ou encore à Polytech Dijon - Le Creusot… Par ailleurs, trois chaires ont été récemment créées : la chaire industrielle UTBM, général Electric (GE) en association avec McPhy, GRTgaz et Ineris qui travaillent sur la conversion des centrales méthane de GE, la chaire industrielle UTBM Enedis qui travaille sur différentes options pour gérer la hausse de la demande en électricité et sa décentralisation via des solutions de stockage des énergies renouvelables et la chaire de recherche UFC Femto-st qui travaille sur la durabilité de la production d’hydrogène par électrolyse de l’eau.

À cette offre académique plusieurs territoires de Bourgogne Franche-Comté ont souhaité apporter un complément pour fournir aux industriels de la filière un vivier de compétences plus immédiatement disponibles en “colorisant” d’hydrogène des formations déjà existantes allant du BTS au master en passant par la licence professionnelle.

« L’hydrogène reste encore une compétence très spécifique et méconnue, les formations sont encore peu identifiées, mais il y a tout un environnement autour de l’hydrogène qui est déjà présent dans nos métiers industriels, explique Claude Vaucouloux, délégué général de l’UIMM 58-89. C’est ainsi que nous avons réfléchi à comment “teinter” d’hydrogène des métiers comme ceux de la maintenance, de la sécurité et de l’hygiène. C’est quelque chose que nous avons également fait avec succès avec la filière nucléaire... Nous avons ainsi ouvert sur le campus d’Auxerre, en partenariat avec l’IET, un master qualité hygiène sécurité environnement avec une première année colorée maintenance hydrogène qui compte 20 étudiants ».

Pour que, demain, tous les composants de la filière ne soient pas produits à l’autre bout du monde, mais en Bourgogne Franche-Comté, la région prend à bras le corps la question des compétences. S’il existe, depuis 2014, un cursus master en ingénierie dédié à l’hydrogène énergie pour répondre aux besoins de conception et de R&D de la filière, ainsi que plus récemment divers licences et masters spécialisés, nous nous apprêtons à franchir un nouveau cap en créant une école nationale de l’hydrogène, qui a pour ambition, sur le territoire, de rassembler l’intégralité des formations autour des métiers de l’hydrogène, du CAP au doctorat ». (Marie-Guite Dufay, présidente de la Région BFC)

Le pôle formation 58-89 s’est également doté d’une certification de qualification paritaire de la métallurgie (CQPM) de technicien de maintenance et d’un BTS Maintenance des systèmes, les deux tournés vers l’hydrogène. On compte également en BFC un BTS et une licence professionnelle en maintenance hydrogène et de la formation continue. Par ailleurs, « L’IUMM est partenaire de la région sur l’appel à projet pour une École nationale de l’hydrogène, évoque Véronique Guillon, déléguée générale de l’UIMM 21. Au-delà d’une implantation physique, certainement à Belfort, ce projet défendu par Marie-Guite Dufay vise à coordonner et labéliser les formations existantes, d’associer les industriels, de créer des nouvelles formations là où il y a des carences… ».

L’école nationale de l’hydrogène serait ainsi un label commun à toutes ces formations. Et identifierait clairement la Bourgogne Franche-Comté comme le lieu des savoirs en matière d’hydrogène. Ce projet pourrait voir le jour au second semestre de cette année. « Avant cela, l’UIMM jouera un rôle dans l’identification des besoins en compétence et des métiers prioritaires à “coloriser” hydrogène. Il faudra également faire un état des lieux des entreprises qui sont dans la métallurgie et qui se tournent vers l’hydrogène avec un fort besoin RH tout en prenant en compte la diversité des territoires : la Franche-Comté travaille plutôt sur les batteries alors qu’à Dijon nous avons des sociétés qui travaillent sur les pompes à fioul et qui pourraient demain oeuvrer sur l’hydrogène... ».

Reconversion, diversification : ils font le choix de l’hydrogène

Avec Schiever, des 44 tonnes à hydrogène bientôt sur la route

Photo d'une station de production d'hydrogène vert
(Crédit : SCHIEVER)

Sur le papier, le groupe Schiever (7.000 salariés, 199 magasins sous enseigne dont bi1) n’avait pas de raison d’investir le créneau de l’hydrogène. C’était sans compter sur l’engagement de son directeur général Vincent Picq : « Nous avons engagé une réflexion sur la substitution aux carburants fossiles depuis 2021. On fait le pari de l’hydrogène en construisant sur notre site de Magny dans l’Yonne une station de production, stockage et distribution d’hydrogène vert. » La station sera mise en service fin 2024 et alimentera la flotte de camions 44 tonnes. Les mêmes camions qui roulent aujourd’hui au diesel, et dont les moteurs seront changés par des moteurs à combustion hydrogène du groupe breton EHM. Selon le même principe que les bolides de rallye de la société Oreca basée à Magny-Cours dans la Nièvre qui devraient participer au Dakar 2025, ce qui serait une première française. Les camions zéro émission de Schiever disposeront d’une autonomie de 450 kilomètres, avec un temps de charge rapide de 10 à 15 minutes seulement.

Laser Cheval nouveau sous-traitant de la filière hydrogène

Photo de Frank Emeyriat
(Crédit : JDP)

Laser Cheval, basé à Marnay dans le Doubs, affiche 50 ans d’expertise en technologie laser. Il est également le premier fabricant français de lasers industriels. L’entreprise conçoit des solutions laser innovantes dédiées aux applications de marquage laser, gravure laser, soudure laser fine et micro-découpe laser. Jusqu’ici, la société travaillait essentiellement pour l’horlogerie, le luxe, le médical et l’aéronautique, mais son expertise et cette capacité à réaliser des découpes de très faible épaisseur de l’ordre de 0,005 millimètres ont su séduire les grands donneurs d’ordre de la filière de l’hydrogène.

« On est venu nous chercher pour la fabrication de plaques bipolaires entrant dans la composition des piles à combustible hydrogène. Elles sont formées de toiles métalliques hydroformées de 50 à 75 microns d’épaisseur. Notre rôle est de découper une toile anode et une toile catode et de les souder ensemble avant de réaliser des tests d’étanchéité à l’air, à l’oxygène et à l’hydrogène. Ces étapes doivent être réalisées avec une grande précision car ce sont des plaques bipolaires maillées de canaux complexes qui distribuent l’eau de manière uniforme dans la pile de l’électrolyseur permettant ainsi aux réactions chimiques d’avoir lieu », explique Franck Emeyriat, ingénieur technico-commercial.

RH2 décarbone les poids lourds

RH2 ou le Rétrofit Hydrogène est une start up auxerroise qui propose de transformer un moteur diesel en moteur à combustion d’hydrogène. L’entreprise a développé et breveté une solution qui permet de brûler du dihydrogène dans un moteur, en combinaison avec des injections d’eau sous pression. Cela permet d’avoir une puissance identique au diesel mais sans C02 et avec de très faibles émissions d’oxydes d’azotes (Nox), tout en garantissant un coût de transformation abordable. Il aura fallu sept années pour identifier et mettre au point ces mécanismes.

Adhex adhère à l’hydrogène

Depuis 1952, Adhex recherche et développe des solutions adhésives pour une large gamme d’applications. Son expérience dans la formulation, l’enduction et la conversion d’adhésifs sensibles à la pression et de films techniques le positionne comme un fournisseur privilégié sur le marché en croissance de l’hydrogène et en particulier dans le domaine des piles à combustible.