Des projets opérationnels d’envergure sur l’hydrogène
Dossier hydrogène. La région s’engage dans des projets d’hydrogène ambitieux et marque une avancée significative dans la transition énergétique.
Belfort - Nord Franche-Comté
Station de Danjoutin
Station hydrogène multimodale de production, stockage et distribution pour alimenter les bus du Grand Belfort. Le futur site, qui sera officiellement inauguré en avril, doit permettre de produire de l’hydrogène renouvelable par électrolyse de l’eau sur la commune de Danjoutin dès 2024. La puissance de la station en première phase du projet sera de 1 MW et pourra produire jusqu’à 400 kg d’hydrogène par jour. Grâce à cet électrolyseur, 3.000 tonnes d’équivalent CO₂ seront évitées chaque année. La production d’hydrogène permettra d’avitailler sept bus à hydrogène sur le réseau de transports en commun Optymo du Territoire de Belfort. Les bus seront exploités par la Régie des transports du Territoire de Belfort (RTTB) pour le compte du Syndicat Mixte des Transports en Commun (SMTC).
Un renforcement de la flotte est d’ores et déjà prévu avec 20 bus supplémentaires d’ici 2025, soit 50 % de la flotte. Chaque bus pourra parcourir entre 60.000 et 75.000 kilomètres par an. Le projet est notamment financé par Hynamics, la filiale d’EDF à hauteur de 20 % et par la Banque des territoire sur ses fonds propres (23,8 %). « Après celle d’Auxerre inaugurée en 2022, cette nouvelle station de production et de distribution d’hydrogène renouvelable réalisée par les équipes d’Hynamics est une parfaite illustration de la concrétisation de l’accélération en Bourgogne-Franche-Comté de la transition énergétique du territoire et nous sommes fiers d’y contribuer », explique Robert Poggi, directeur à l’action régionale du groupe EDF en Bourgogne Franche Comté.
Belfort E-start
Création de la plus grande communauté d’énergie renouvelable de France et la première dans le domaine des bâtiments tertiaires, avec une capacité de production photovoltaïque de 3,3 MWc, couplée à des solutions de stockage de l’énergie basées sur des batteries et de l’hydrogène vert.
FC LAB
Il s’agit d’un centre de ressources techniques et scientifiques dédié aux tests et à la caractérisation de composants de la filière Hydrogène Energie. Il possède notamment un banc de test industriel de piles à combustible. « Cette activité s’est développée en étant accompagnée de la mise au point d’infrastructures expérimentales de plus en plus performantes. Ce qui fait leur spécificité en France et en Europe, c’est d’être en capacité de tester des systèmes à l’échelle 1 à la puissance de l’utilisateur final. Notre plateforme FC Lab est dédiée aux tests et à la caractérisation de composants de la chaîne hydrogène pour l’énergie, c’est-à-dire l’électrolyse, le stockage de l’hydrogène et puis l’utilisation de l’hydrogène pour la production d’énergie et finalement la production électrique. Notre banc IBAN a pour objectif de réaliser des tests de puissance de dix jusqu’à 120 kilowatts. Ce qui nous permet en fait de couvrir les applications actuelles du transport et du stationnaire. L’ensemble de nos équipements fait que nous avons ici une plateforme de pointe au niveau européen », affirme Marie-Cecile Péra, directrice du FC Lab.
Territoire Habitat 90
Bâtiment démonstrateur neuf équipé d’un système de production, de stockage et d’utilisation d’hydrogène pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire.
Locomotive Prima H4 version hydrogène
Locomotive fabriquée par Alstom Belfort conçue pour les opérations de manoeuvre et les travaux de voierie.
Isthy
Centre français unique en France d’essais, de certification et de requalification périodique des réservoirs et composants H2.
Mcphy
Implantée sur l’aéroparc de Fontaine (Belfort), elle est la plus grosse usine d’électrolyseurs en Europe. Les premiers salariés viennent d’arriver. À terme, ils pourraient être 400.
H2sys
La petite startup créée en 2017 par des chercheurs du FC LAB a bien grandi. Et ce n’est pas fini. L’entreprise, qui fabrique des générateurs électriques fonctionnant à hydrogène, a été intégrée au programme « Première usine » de l’État. Un programme fortement doté qui va permettre à H2SYS de construire son premier site de production, à Belfort. Il devrait sortir de terre en 2025. D’une vingtaine de salariés, H2SYS devrait passer rapidement à 40 puis à 100 une fois l’usine de production en service.
Gen-hy
Gen-Hy est un fabricant innovant d’électrolyseurs basés sur une membrane AEM unique et qui offre des rendements supérieurs. « On est sur une base d’électrolyseur alcalin avec à l’intérieur une membrane AEM qui est fabriquée par nos soins, 100 % française et qui sera donc fabriquée dans notre usine. Avant de nous installer ici, nous avons mis plusieurs régions en compétition et effectivement la Bourgogne Franche-Comté s’est démarquée par son accompagnement financier, sa disponibilité de foncier mais également de par l’accompagnement industriel, toutes les cartes étaient réunies pour pouvoir ouvrir cette future industrie sur le territoire de la BFC », affirme Sébastien Le Pollès, président de Gen-Hy.
Forvia-Faurecia
Cette entreprise développe des systèmes de stockage hydrogène basés sur des réservoirs légers qui sont destinés à être utilisés dans trois domaines majeurs. « Il y a d’abord la mobilité (les voitures, les petits utilitaires, les camions, les bus et les futurs trains). Le deuxième domaine, ce sont tous les véhicules qui ne roulent pas sur la route, donc typiquement les engins de chantier et en troisième, nous avons le transport de l’hydrogène : on utilise ces réservoirs, on les place dans des conteneurs et ces conteneurs serviront à transporter l’hydrogène d’un point A vers un point B. Ces réservoirs serviront aussi à alimenter les stations hydrogène que vous allez utiliser pour remplir vos voitures », développe Jacques Hoffner, directeur de Faurecia.
Inocel
Inocel, spécialiste de la pile à combustible hydrogène de haute puissance (300 kW, adaptée aux poids lourds de 44 tonnes), qui dispose de son siège social à Grenoble a fait le choix d’installer sa giga-factory à Belfort pour sa situation géographique. Son dirigeant Jules Billiet, encourage les autres sociétés du monde de l’hydrogène à s’y installer pour former un vaste pôle de compétence. Inocel vient de valider un financement structurant de 64 millions d’euros composé de capitaux propres, de dettes et de subventions.
Auxerre
De la station AuxHYGen au territoire autonome en énergie
L’Agglomération de l’Auxerrois a entamé une transformation structurante autour de la transition écologique et du développement économique. Le territoire s’est engagé activement dans le développement de la filière hydrogène, d’une part pour décarboner ses activités (objectif d’autonomie énergétique à horizon 2050), et d’autre part pour accueillir les projets en lien avec l’ensemble de la chaîne de valeur H2 avec un objectif d’industrialisation. L’agglomération a constitué un écosystème pour répondre aux enjeux de passage à l’échelle de la filière et intègre plusieurs briques dans sa stratégie dont la production d’hydrogène décarboné via la réalisation d’une station.
D’une capacité de 1 MW, la station AuxHYGen peut produire jusqu’à 400 kg d’hydrogène vert par jour grâce à l’électrolyse de l’eau. Cette première réalisation d’Hynamics, filiale du groupe EDF spécialisée dans l’hydrogène, permet d’éviter l’émission de 2.200 tonnes de CO2 chaque année. Opérationnelle depuis 2021, elle alimente déjà cinq bus à hydrogène exploités par Transdev Auxerrois sur le réseau de transport urbain Leo et s’inscrit dans le cadre du projet d’écosystème territorial porté par la communauté d’agglomération de l’Auxerrois.
Ce projet de mobilité propre, qui sera amené à adresser d’autres usages dans les prochains mois, s’inscrit dans le plan air-climat-énergie territorial et la politique volontariste menée par l’agglomération présidée par Crescent Marault en faveur de la transition énergétique de ses territoires. Équipée par la société McPhy, la station alimente actuellement 20 % de la flotte de bus auxerroise. « À horizon 2025, l’ambition est d’étendre les capacités de production de ces installations de 1 à 3 MW pour accompagner l’émergence de tous les usages de l’hydrogène », précise Christelle Rouillé, directrice générale d’Hynamics. Cette deuxième phase du projet va bénéficier du soutien de l’Ademe. La station pourra ainsi approvisionner des bus à hydrogène supplémentaires (l’objectif étant de couvrir 60 % de la flotte à l’horizon 2028), des véhicules utilitaires légers (quatre bennes à ordures), des camions, des trains.
« Pour 2026, trois rames de TER Coradia fabriquées par Alstom viendront remplacer les TER Regiolis bimodes électrique/diesel. Équipés de moteur bimodes électrique/hydrogène, ils circuleront sur la ligne Auxerre – Laroche-Migennes », complète Christelle Rouillé. « Le pari de l’hydrogène, tel que nous l’avons imaginé, est porteur de grands espoirs. Nous voulons ancrer cette technologie dans le territoire et amener les entreprises à se l’approprier afin que demain, l’Auxerrois soit prêt avant les autres. L’Agglomération pilote une stratégie de moyen et long terme pour devenir un territoire autonome en énergie. Le rôle d’une collectivité est de se préparer aux enjeux de demain et d’initier le changement au service de son attractivité, tant pour les citoyens que pour les entreprises », défend Crescent Marault qui, sur l’axe foncier, entend créer une zone d’activité de 25 hectares dédiée à la filière hydrogène pour accueillir les industriels et leurs sous-traitants en complément de la technopole AuxR_Green Lab (innovation, incubation, accélération, prototypage).
Dijon
Un pari sur l’avenir engagé depuis 2001
Le choix de l’hydrogène par la métropole dijonnaise s’inscrit dans la recherche au sens large de « l’autonomie territoriale la plus évoluée possible », explique François Rebsamen, président de Dijon métropole et maire de Dijon. Concrètement, la politique énergétique s’appuie sur une série de piliers : sobriété, efficacité énergétique, développement des énergies renouvelables - passant notamment par l’Unité de valorisation énergétique (UVE) c’est-à-dire le site d’incinération des ordures ménagères, Dijon métropole drainant en effet 92 % des OM du département-, pilotage centralisé des énergies et décarbonation de la flotte de véhicules lourds. Sur ce dernier point, la métropole a fait le choix d’un mix énergétique électricité/hydrogène, la première pour les petites et moyennes lignes de bus afin de tenir compte de l’autonomie et de la puissance des véhicules, l’hydrogène étant réservé, lui, aux bus articulés ainsi qu’aux bennes à ordures ménagères (Bom). Un calendrier s’étalant de 2025 à 2035 prévoit, à terme, la conversion de 40 bus thermiques ou hybrides vers l’hydrogène (16 en 2025, 20 en 2030) sur un parc total de 170 véhicules, le reste étant des véhicules électriques.
La conversion des bennes à ordures est en revanche déjà sur les rails, la première de ces bennes H2 a été dévoilée le 14 décembre 2023, quatre devraient être en service courant 2024. Ces Bom H2, issus du retrofit, sont des engins de 19 tonnes, fournis par E-Trucks Europe (Belgique), associé à Proton Motor (Royaume-Uni/Allemagne) pour la fourniture de la pile à combustible et à DAF (Longvic) pour le châssis. Ils seront alimentés par de l’hydrogène produit en circuit court par les deux stations hydrogène dont la métropole souhaite se doter : la première, qui devrait être mise en service en 2024 est située au nord, à un jet de pierre de l’UVE qui fournira l’énergie à l’électrolyseur. La deuxième centrale à hydrogène, au sud de Dijon, fonctionnera elle grâce à une unité de méthanisation de boues d’épuration et une ferme photovoltaïque de 12 hectares.
Ces deux pôles seront les maillons essentiels de la stratégie de décarbonation et d’autonomie énergétique de Dijon métropole. « C’est un pari sur l’avenir, mais un pari obligatoire », affirme François Rebsamen qui rappelle à juste titre combien la question de la souveraineté énergétique a pris une acuité nouvelle depuis le début de la guerre en Ukraine. Un pari coûteux, il ne s’en cache pas, puisque François Rebsamen estime à 1,4 milliard d’euros le montant total de l’investissement nécessaire pour doter la métropole d’un écosystème énergétique performant, incluant par exemple, le premier quartier à énergie positive Response.
Les sommes grimpent vite en effet, qu’on en juge, rien que sur le volet hydrogène : un bus thermique coûte actuellement 200.000 euros quand son pendant à l’hydrogène chiffre lui 800.000 euros. Les quatre premières Bom H2 coûtent elles 3,3 millions d’euros, à terme ce sont 44 de ces Bom nouvelle génération qui devraient circuler…
À la présentation du dossier, le chiffre de 100 millions d’euros a donc été annoncé. Des aides (Ademe, Région BFC, Europe, financement banque des territoires) sont certes venues conforter le projet, mais François Rebsamen assume : « Un mur d’investissement est devant nous, il faudra y faire face. La ville de Dijon comme la métropole ont drastiquement baissé leur endettement, on va devoir dégrader ce ratio. » Il évoque également d’autres leviers fiscaux, telle la rehausse du versement mobilité et argumente : « Une métropole qui investit sur l’indépendance énergétique, la baisse des gaz à effets de serre et donc sur la santé investit sur son attractivité. » Nantes et Dijon ont ainsi été les deux seules villes françaises retenues dans le cadre de la mission européenne « 100 villes neutres et intelligentes pour le climat ».