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L’attractivité touristique de la Région Bourgogne-Franche-Comté

Tourisme. À travers ce dossier spécial, le Journal du Palais revient sur certaines des figures les plus importantes de l’attractivité locale, en s’attardant sur trois types de tourisme parmi les plus répandus dans la région : le tourisme historique, industriel, et d’affaires.

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Photo du tourisme en Bourgogne-Franche-Comté
(Crédit : DR)

Terre de tourisme aux multiples facettes,la Bourgogne-Franche-Comté sait attirer. En 2023, la région affiche un bilan de 76 millions de nuitées - toutes nationalités et tous motifs confondus - dont 40 % de nuitées étrangères. Au total, plus de 20 lieux de visite accueillent plus de 100.000 visiteurs par an ; mais que viennent voir ces touristes ? Quelles stratégies sont mises en place par les institutions pour faire de la Bourgogne-Franche-Comté une destination de référence ?

Tourisme : la BFC en fait toute une Histoire.

Chateauneuf en auxois
(Crédit : A.DOIRE BOURGOGNE TOURISME)

En Bourgogne Franche-Comté, l’Histoire affleure à chaque pierre, à l’image des Hospices de Beaune un des plus remarquables emblèmes de la Bourgogne (460.000 visiteurs en 2023). Cette région à la croisée des chemins de Saint-Jacques accueille de hauts-lieux de la spiritualité comme la basilique Saint-Marie-Madeleine à Vézelay (89) (972.090 visiteurs en 2023), la basilique du Sacré Coeur à Paray-le-Monial (71) ou encore la chapelle Notre-Dame du Haut à Ronchamp (25), oeuvre de Le Corbusier. Que dire de ses sites archéologiques, tout autant témoins de l’époque gallo-romaine que de la préhistoire avec le grand site de Solutré qui a accueilli 200.489 visiteurs en 2023 ou le site d’Alésia et son Muséoparc.

La région compte par ailleurs huit sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco (ce qui la place au deuxième rang national), mais également plus de 3.702 biens inscrits au titre des monuments historiques, 109 musées de France, 18 maisons d’illustres, 11 territoires labellisés ville ou pays d’art et d’histoire et neuf « plus beaux villages de France » (5e rang national).

Sur le volet patrimoine, BFC Tourisme a mobilisé 54,2 M€ d’investissements en moyenne annuelle entre 2017 et 2019.

Selon Bourgogne Franche-Comté Tourisme un visiteur sur quatre est attiré d’abord ou principalement par le patrimoine architectural quand il vient en BFC. La dépense moyenne de ceux-ci, par jour et par personne, est de 149 € en hébergement marchand et de 60 € en hébergement non marchand, pour une durée de séjour moyenne de 5,3 jours en hébergement marchand et de 4,5 jours en hébergement non marchand. Ces touristes férus de vieilles pierres sont à 21 % étrangers.

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« Tout l’enjeu est donc de valoriser et de promouvoir ces hauts-lieux et de permettre leur découverte autrement, grâce à des offres ciblées sur des clientèles spécifiques (enfants, clientèles étrangères et locales), des produits innovants ou originaux (visites les yeux bandés, soirée VIP, expositions hors-les-murs, approche éco-responsable) et des services complémentaires (boutiques, restaurants, espaces de coworking...) », défend le comité régional du tourisme. Une mise en lumière qui passe naturellement par des investissements : 54,2 M€ en moyenne annuelle ont ainsi été libérés entre 2017 et 2019, dont 27,5 M€ pour les musées de France. Ce qui représente 65,4 % de plus investis pour ces derniers par rapport à la moyenne annuelle 2014-2016.

Statistique sur l'attractivité touristique de la Région BFC

Double stratégie pour côte-d’or attractivité

« Le tourisme fait vivre 8.000 familles en Côte-d’Or, rappelle Marie-Claire Bonnet-Vallet, présidente de Côte-d’Or Attractivité. Il représente près d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires. Faire du développement touristique, c’est bon pour nos visiteurs mais aussi pour nos habitants ». Après une année 2023 plus que satisfaisante pour Côte-d’Or Attractivité – plus de 15 millions de nuitées, soit +7,8% par rapport à 2022, meilleur niveau depuis ces sept dernières années -, l’agence se lance désormais dans une mission séduction auprès des visiteurs, qu’elle espère attirer « pour un jour ou pour toujours ».

Première destination « nature et patrimoine » entre Paris et Lyon, la Côte-d’Or cherche en effet, par le biais de son agence, à attirer des personnes qui souhaitent s’installer durablement. « On se focalise sur l’attractivité résidentielle. Nous accompagnons plus de 4.000 personnes qui ont pour projet de s’installer en Côte-d’Or ou qui ont déjà réalisé cette installation, précise Marie-Claire Bonnet-Vallet. Il faut insister sur la notion d’hospitalité, sur les opportunités professionnelles, le marché immobilier attractif… La Côte-d’Or, c’est une terre rassurante, qui est jusqu’à maintenant préservée des grandes recompositions climatiques ».

Mais pour l’heure, Côte-d’Or Attractivité doit aborder une actualité estivale chargée, rythmée par des temps forts sportifs : le Tour de France et les Jeux Olympiques. « Au-delà des villes étapes, ce sont 45 communes qui vont être traversées de manière qualitative », promet Marie-Claire Bonnet-Vallet, qui s’engage avec son agence dans une nouvelle stratégie d’attractivité 2024-2028, censée asseoir la Côte-d’Or en Bourgogne en tant que lieu de vie correspondant en tous points aux attentes des habitants actuels et nouveaux prospects, tout en poursuivant les efforts auprès de la clientèle touristique.

Tourisme industriel : la visite instructive

Photo de la cristallerie-verrerie La Rochère
(Crédit : AULA G. VIDAL)

Terre industrielle qui s’est illustrée et s’illustre encore dans plusieurs secteurs, la Bourgogne Franche-Comté a su valoriser ce patrimoine en l’ouvrant aux visiteurs. Ce tourisme industriel concerne aussi bien de grands groupes que des minuscules entreprises artisanales qui ont en commun d’offrir à la fois un regard sur le passé et l’Histoire, mais aussi d’embrasser le futur d’un secteur. Ainsi, si on ne construit plus de voitures comme aux débuts de l’automobile, à Sochaux (Doubs), on peut se rendre compte de l’évolution de la filière en visitant à la fois le Musée de l’Aventure Peugeot, qui présente les fabrications de la marque au Lion de 1810 à nos jours et le site de production Peugeot qui propose la visite commentée de deux ateliers avec le suivi du processus complet de montage des véhicules, de la caisse à la voiture finale.

En revanche, à Flavigny-sur-Ozerain, plus beau village de France et berceau des Anis de Flavigny, (labellisé Entreprise du patrimoine vivant ou EPV) on continue de produire les petits bonbons comme autrefois… à la différence qu’aujourd’hui, ils se vendent dans le monde entier. Avec 105.611 visiteurs en 2023, la fabrique dirigée par Catherine Troubat est même la championne du tourisme de savoir-faire en BFC, suivie par la cave d’affinage Juraflore des Rousses (68 728 visiteurs) et la cristallerie-verrerie La Rochère en Haute-Saône (57.020 visiteurs). Devenu si incontournable que le Guide du Routard lui a même consacré un opus, le tourisme industriel est un reflet fidèle de l’économie de chaque région.

La cristallerie-verrerie La Rochère (71), avec 57.020 visiteurs en 2023 est dans le top 3 des destinations du tourisme de savoir-faire en BFC.

En BFC, le tourisme industriel, classifié comme « filière du savoir-faire » par les services de BFC Tourisme, concerne 210 entreprises ouvertes à la visite, dont 21 labellisées EPV (sur les 71 entreprises en BFC qui ont ce label). 50% d’entre elles ont déjà plus de 50 ans d’existence et 35% ont même dépassé le centenaire. Les secteurs concernés sont à la fois un reflet de la réalité économique régionale et des centres d’intérêt des visiteurs : agroalimentaire (37% des entreprises ouvertes à la visite), secteur du vin, bière et spiritueux (35%), artisanat et métiers d’art (16%).

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À noter que 8% de ces entreprises qui ouvrent leurs portes relèvent de l’industrie, de l’énergie et de l’environnement et 4% de la mode et de la cosmétique. En 2023, toujours selon BFC Tourisme, elles ont accueilli pas moins de 1,3 M de visiteurs ! Et si ce type de tourisme permet au public (dont un public scolaire nombreux) d’apprendre quelque chose au cours d’une visite, elle a aussi ses enjeux pour les entreprises, notamment celles qui possèdent une boutique sur place. Pour BFC Tourisme, 72% de ces enjeux sont d’ailleurs commerciaux, notamment pour les PME qui peuvent ainsi sur ce segment de vente, optimiser leurs marges.

Pour des entreprises comme Les Anis de Flavigny, la Moutarderie Fallot ou la manufacture Perrin (chaussant), c’est en moyenne un panier qui augmente de 50% après une visite ! Ces visites participent pour 63% à la communication des sociétés qui peuvent transmettre leurs valeurs et démontrer en direct leurs engagements sociaux et environnementaux, particulièrement scrutés dans le monde industriel (politique RSE), mais aussi de communiquer sur les métiers via le dialogue avec les salariés et, peut-être, éveiller des vocations.

Les chiffres du tourisme industriel

Les chiffres du tourisme industriel

Le tourisme d’affaires : Dijon métropole à l’offensive

Photo du Parc des expositions & congrès de Dijon
(Crédit : DR)

Dijon Métropole ne cache plus son ambition de s’inscrire durablement dans l’espace mental des planificateurs d’évènements, avec un accent particulier sur « les filières d’excellence stratégiques définis par la métropole » - notamment l’innovation, la santé, l’agroalimentaire - ne cesse de marteler Danielle Juban, vice-présidente de Dijon métropole déléguée au développement économique, à l’attractivité, aux foires et aux salons et également présidente de DBE (Dijon Bourgogne Events), la Société publique locale (SPL) créée en 2023 pour prendre en main la gestion du Parc des expositions et Palais des congrès de Dijon, lui-même destiné à (re)devenir le vaisseau-amiral du tourisme et du tourisme d’affaires de la métropole.

L’embauche de Jacques Delaine (ex-Eiffage, qui a notamment piloté le projet de la Cité internationale de la gastronomie et du vin), à la direction générale de DBE pour en manager la structure et les grands travaux, est d’ailleurs un marqueur fort de cette volonté. « Nous devrons projeter DBE dans les défis de demain, au coeur d’un écosystème qui est en train de changer, analysait Jacques Delaine lorsque nous l’avions rencontré dans le cadre de notre Hors-Série La Côte-d’Or en chiffres. Faire muter les évènements (telle l’incontournable Foire gastronomique, ndlr) mais aussi faire muter l’équipement ».

On a cette chance, vis-à-vis de la clientèle de congrès, d’être en centre-ville, dont les visiteurs apprécient la gastronomie, l’ambiance…et l’hôtellerie a joué le jeu .

Danielle JUBAN, vice-présidente de Dijon Métropole

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Des travaux de l’ordre de 40 à 50 M€ d’euros sont prévus et le dossier a même été lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt « Spécial Tourisme d’affaires », dédié aux projets d’investissement des grands équipements d’accueil d’évènements professionnels lancé par Atout France sous l’égide de la ministre déléguée en charge du tourisme d’alors, Olivia Grégoire, grâce à un dossier qualifié de « très attractif et ambitieux, un investissement important visant à assurer la transformation durable du Parc des expositions : rendre ce site plus modulable, plus confortable et plus vertueux afin de consolider son attractivité et son modèle économique ». C’est ainsi qu’en octobre prochain, le Palais accueillera la 45e édition du congrès de l’Organisation internationale de la vigne et du vin qui fête cette année son centenaire. Signe que le cap choisi dépasse les clivages politiques, le conseil départemental de la Côte-d’Or vient de faire son entrée au capital de DBE en rachetant 40.000 € d’actions appartenant à la ville de Dijon.

Initiales DB

La « marque » Dijon Bourgogne, déclinée en DBE et DBI (pour Invest, l’agence d’attractivité économique) s’est étendue à l’Office du tourisme, devenu « Dijon Bourgogne Tourisme & Congrès » dont la branche Bureau des Congrès a été créée pour booster le tourisme d’affaires. Présidé par Patrick Génie, ce Bureau des congrès travaillant en synergie avec tous les acteurs du secteur entend cultiver la « Welcome attitude » et s’est fixé un objectif ambitieux en termes de nombre de manifestations accueillies.

Et qui dit manifestations accrues dit visiteurs en hausse et donc besoins en hôtellerie. Là aussi, la métropole dijonnaise s’est mise au diapason puisque, selon les chiffres avancés par Lionnel Petitcolas, co-président de l’UMIH 21, « nous sommes à près de 4.000 chambres pour 70 hôtels sur Dijon Métropole (…). Le parc hôtelier est en augmentation de 10 % depuis les six derniers mois, ce qui confirme l’attractivité de la métropole. C’est 400 chambres de plus en à peine un an, un volume qui sera vite absorbé par la fréquentation en hausse à venir liée aux nouvelles infrastructures dont s’est dotée la ville, comme la CIGV », assurait-il lorsque nous l’avions interrogé le jour de l’inauguration d’un nouvel établissement, le Nomad. « De grands groupes hôteliers ou des concepts tendance comme Mama Shelter choisissent la métropole, c’est une vraie chance pour Dijon qui ainsi peut également espérer attirer de grands évènements et séminaires professionnels, sources d’importantes retombées économiques. » Ce palier des 4.000 chambres n’est pas que symbolique : il permettra en effet à Dijon de prétendre à accueillir des évènements d’envergure, telles les rencontres Convergences santé hôpital (CSH), « le plus grand congrès de France, qui ne fait halte que dans les métropoles ayant au minimum 4.000 chambres », aime à rappeler François Rebsamen, maire de Dijon et président de Dijon Métropole. L’écosystème mis en place s’est donné les moyens de telles ambitions.

L’IA au service des touristes dans le doubs

Le Comité départemental du Tourisme (CDT) du Doubs vient de lancer HeyDoubs, un assistant virtuel innovant destiné à transformer l’expérience des visiteurs dans le département. Développé en partenariat avec Livdeo, entreprise bisontine spécialisée en solutions numériques pour le tourisme, l’IA embarquée dans HeyDoubs a notamment été entrainée sur 3.700 pages web dédiées au tourisme dans le Doubs et marque une avancée significative dans la stratégie de digitalisation touristique du territoire.

Un guide virtuel accessible et multilingue.
Disponible 24h/24 et 7j/7, HeyDoubs répond instantanément aux questions des visiteurs dans plus de 100 langues rendant le département accessible à une audience internationale. Plus qu’une simple source d’information, cet outil est un véritable compagnon interactif. Chaque réponse fournie est suivie de questions complémentaires, créant une interaction continue et enrichissante. Le dispositif se distingue également par son approche inclusive, proposant des adaptations pour les personnes en situation de handicap : options d’affichage personnalisables (contraste, taille des caractères) et langage simplifié, rendant l’information touristique accessible à tous les publics.

Un outil au service de l’économie touristique locale.
En centralisant les informations sur les hébergements, restaurants, sites touristiques et activités, HeyDoubs valorise l’ensemble de l’offre touristique du Doubs. « Cette innovation vise à augmenter la durée de séjour des visiteurs et à stimuler les retombées économiques pour les acteurs locaux du tourisme, précise Béatrix Loizon, présidente du CDT du Doubs. Avec HeyDoubs, nous franchissons une étape majeure dans notre stratégie d’innovation touristique. Cet outil allie technologie de pointe et connaissance approfondie de notre territoire pour offrir une expérience de visite enrichie et sur-mesure ».