Le chantier du futur centre de consultations pédopsychiatriques a démarré derrière la polyclinique d’Auxerre dans la zone des Clairions, avec une livraison attendue en juin 2026. L’ouverture au public est prévue à la rentrée suivante, en septembre. Porté par le CHS d’Auxerre, l’investissement s’élève à 5 M€, dont environ 300.000 € financés par l’Agence régionale de santé (ARS). Le reste, soit plus de 94 %, est autofinancé par l’établissement, un effort conséquent pour une structure hospitalière publique. Malgré les hausses de prix dans le secteur du BTP, l’équipe de direction assure avoir maintenu le projet dans l’enveloppe budgétaire initiale, en jouant sur les marges de sécurité, la négociation avec les prestataires et une conception rigoureuse.
« On ne construit pas un supermarché, on construit un lieu de soin pour un public fragile, avec des normes strictes », souligne Guillaume Fagnou, directeur du CHS, arrivé en 2023 pour piloter la phase opérationnelle du projet.
Un bâtiment neuf, écoresponsable et pensé pour soigner
Outre l’aspect budgétaire, le projet s’inscrit dans une logique d’amélioration qualitative : qualité d’accueil pour les jeunes patients, qualité de vie au travail pour les soignants, et démarche environnementale affirmée. Le bâtiment est construit en grande partie en bois, ce qui favorise à la fois le confort thermique, l’ambiance apaisante et l’écoresponsabilité. « En psychiatrie, le cadre architectural est notre plateau technique. Il joue un rôle majeur dans l’adhésion aux soins, surtout pour les enfants et les adolescents », insiste Guillaume Fagnou.
Le centre regroupera en un même lieu le Centre médico-psychologique (CMP) enfants, le CMP adolescents, la Maison des adolescents (MDA) et les équipes mobiles qui interviennent dans les établissements scolaires. Il ne s’agit pas d’augmenter les capacités de prise en charge, mais de rationaliser l’existant, en renforçant la coordination des équipes et la lisibilité du parcours pour les familles. La MDA, par exemple, restera un lieu d’accueil libre, sans obligation d’identification, jouant un rôle de passerelle vers les soins.
Une filière toujours fragile
Si le bâtiment est neuf, la ressource humaine, elle, reste inchangée. Aucun poste ne sera créé dans l’immédiat. L’activité sera simplement transférée depuis les anciens locaux, parfois vétustes. Et le directeur l’admet : la fragilité de la filière pédopsychiatrique est avant tout médicale. L’équipe actuelle repose sur un nombre réduit de médecins, dont certains en cumul emploi-retraite. Deux praticiens étrangers sont actuellement en voie de validation pour intégrer l’équipe à terme.
« On ne fait pas avec 10 psychiatres ce que d’autres font avec 70 », résume Guillaume Fagnou. Si le CHS mène une politique de fidélisation efficace — avec une ancienneté moyenne de 12,5 ans chez les agents — la tension sur les recrutements médicaux reste un frein majeur, comme partout en France. Des solutions sont toutefois en préparation, notamment la formation d’un Infirmier en Pratique Avancée (IPA) pour aider à libérer du temps médical.